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« Après le Royaume-Uni, d’autres crises financières ? »

« Après le Royaume-Uni, d’autres crises financières ? »


L’annonce de la politique économique que voulait mener le gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni avant sa chute (fortes baisses d’impôt, forte hausse des dépenses publiques) a provoqué une nette augmentation des taux d’intérêt à long terme, au-dessus de 4,5 %, et a nécessité, pour stabiliser le marché de la dette publique britannique, que la Banque d’Angleterre rouvre son programme d’achats de titres souverains. En effet, les fonds de pension britanniques ayant un levier d’endettement très important ont été contraints par la hausse des taux d’intérêt de vendre leurs titres de dette publique, faisant ainsi apparaître un risque de déséquilibre massif sur le marché de cette dette.

Cette crise de la dette britannique peut-elle être un risque avant-coureur d’une crise généralisée des dettes publiques dans les pays de l’OCDE, du fait de la remontée générale des taux d’intérêt par les banques centrales ?

Un pays a déjà renoncé à suivre une telle hausse : le Japon. La Banque du Japon (BoJ) a adapté une politique, dite « Yield Curve Control », qui plafonne le taux d’intérêt à dix ans au niveau très bas de 0,25 %. Ce qui permet, malgré le niveau extrêmement élevé de la dette publique – presque 260 % du produit intérieur brut (PIB) –, de maintenir les intérêts payés sur la dette en dessous de 1 % du PIB, et d’assurer la soutenabilité de la dette publique du Japon.

Lire nos explications : Article réservé à nos abonnés Pourquoi l’économie du Royaume-Uni est saisie d’un vent de panique

Avec des taux d’intérêt aussi bas, le gouvernement a les mains libres pour mener une politique budgétaire aussi expansionniste que nécessaire sans risque de crise souveraine. Mais cette politique est rendue possible par l’absence complète d’indexation des salaires sur les prix : il n’y a jamais d’emballement de l’inflation du fait de la course entre prix et salaires ; l’inflation revient rapidement à zéro après chaque pic dû à la hausse des prix des matières premières ou à la dépréciation du yen. L’absence de réaction de la BoJ à l’inflation est donc adaptée au cas du Japon, mais pas à celui des autres pays de l’OCDE où les salaires suivent, même partiellement, l’inflation.

Cinq types de crises

Y a-t-il alors un risque de crise financière aux Etats-Unis et dans la zone euro ? Une telle crise peut, en théorie, provenir de cinq types de risque : la titrisation des créances bancaires, l’insoutenabilité des dettes publiques, l’éclatement de la bulle de l’assurance-vie, l’endettement des fonds d’investissement devenus illiquides, l’exposition des pays émergents à la hausse du dollar.

Lire aussi : Démission de Liz Truss au Royaume-Uni : le Brexit, « éléphant dans la pièce »

Une crise bancaire comme celle de 2008-2009 est a priori très improbable. Les fonds propres des banques sont extrêmement élevés (trois fois plus qu’au moment de la crise des subprimes) ; les titrisations (c’est-à-dire la transformation des crédits bancaires en obligations diverses, offrant des tranches de risque différenciées) portent désormais sur de plus faibles volumes et demeurent très prudentes.

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