La Cour des comptes a dressé un bilan mitigé des actions menées par le gouvernement pour favoriser le retour à l’emploi des chômeurs de longue durée en sortie de crise sanitaire. En effet, en mars dernier, la haute juridiction a publié un « audit Flash » consacré aux dispositifs déployés pour cette catégorie de personnes dans le cadre du plan de réduction des tensions sur le marché du travail annoncé en septembre 2021. L’idée était de diminuer le nombre de chômeurs inscrits depuis au moins un an à Pôle emploi, en les orientant vers des métiers en tension.
Cette catégorie avait connu une forte explosion, avec environ 1,3 million de demandeurs d’emploi de longue durée inscrits à Pôle emploi en octobre 2021. Les agents de Pôle emploi ont été chargés de remobiliser ce public en mettant l’accent sur des dispositifs immédiatement opérationnels, tandis que des carottes financières ont été accordées en sus de deux aides. Le versement d’une prime de 1 000 euros aux chômeurs s’engageant dans des formations préalables au recrutement et une aide à l’embauche de 8 000 euros pour les employeurs recrutant un demandeur d’emploi de longue durée en contrat de professionnalisation ont été proposés.
Pour mettre en œuvre ce plan, l’État avait prévu une enveloppe de plus de 400 millions d’euros, ainsi qu’un renfort temporaire de 700 agents supplémentaires pour Pôle emploi, s’ajoutant aux quelque 57 000 personnes déjà employées par l’opérateur public.
Entre septembre 2021 et mars 2022, une baisse des demandeurs d’emploi de longue durée a été constatée : 36% d’entre eux ont accédé à un emploi au cours de cette période, contre 31% pour ceux rattachés à la cohorte 2019. Si la Cour des comptes salue la « forte mobilisation » des agents de Pôle emploi, elle constate qu’il n’est pas possible de préciser à ce stade dans quelle proportion le plan a contribué à cette augmentation.
La forte reprise économique constatée à cette période, à cheval entre la sortie de la crise sanitaire et le début de la guerre en Ukraine, pourrait largement expliquer la baisse des chômeurs de longue durée, notamment ceux issus de l’hôtellerie-restauration. D’autant plus qu’aucun objectif chiffré n’avait été fixé par le gouvernement, souligne la Cour des comptes.
Le plan n’a donc été assorti d’aucun objectif mesurable en matière de retour à l’emploi, ni de baisse de chômage ou des tensions de recrutement dans les secteurs particulièrement concernés. En somme, la mobilisation importante de l’État n’a pas donné les résultats escomptés en termes de retour à l’emploi des chômeurs de longue durée.