Ils viennent d’Afghanistan, de Turquie ou encore du Burundi: en plus des réfugiés ukrainiens, près de 800 requérants d’asile arrivent chaque semaine en Suisse. C’est deux fois plus que cet été. Les capacités d’accueil sont mises à rude épreuve. 15 Minutes s’est rendu dans deux cantons qui n’excluent pas le recours à des abris de protection civile.
D’ici la fin de l’année, la Confédération s’attend à accueillir près de 100’000 personnes migrantes. Face à l’afflux de demandes d’asile, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a décidé de transférer plus vite que d’habitude des requérants vers des structures cantonales. Ces attributions anticipées s’arrêteront à la mi-décembre.
Mais pour certains cantons, la situation reste tendue. « L’arrêt des transferts anticipés va peut-être représenter un petit répit, mais cela ne va pas changer les défis qui sont les nôtres », souligne Erich Dürst, directeur de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM).
Même constat à Genève: « On compte et on recompte chaque jour les places disponibles », explique Ariane Daniel Merkelbach, directrice de l’aide aux migrants à l’Hospice général. « On cherche environ 200 places supplémentaires pour la fin de l’année et aujourd’hui, on ne les a pas. »
Abris PC pas exclus
Les autorités genevoises et vaudoises cherchent des solutions pour héberger les requérants d’asile, par exemple des bureaux vides transformés en logement à Genève. Dans les deux cas, le recours à des abris de protection civile est également envisagé: « C’est vraiment l’ultima ratio », indique Ariane Daniel Merkelbach. « Lorsqu’il ne nous restera plus aucune place, il faut que ces structures soient prêtes pour ne laisser personne sur le trottoir ».
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Mais ce type d’hébergement laisse souvent un mauvais souvenir aux personnes qui y sont passées. 15 Minutes a rencontré Lazare, originaire du Togo, qui réside désormais dans le centre collectif de Rigot, à Genève: « On était 40 dans les dortoirs. On devait utiliser des douches et des toilettes communes. On vient de divers horizons et nos éducations sont différentes. Au niveau de la propreté ou du sommeil, ce n’était pas facile. »
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Appel à trouver des alternatives
Les milieux associatifs et les membres de la société civile qui s’activent pour les migrants suivent de près la situation. A Lausanne, Diane Barraud est médiatrice au Point d’Appui, un lieu d’accueil porté par les Eglises réformées et catholiques vaudoises. Elle « participe à l’appel qui est lancé pour que tout le monde réfléchisse à des solutions d’hébergement ». Elle évoque par exemple l’utilisation d’appartements ou de bâtiments vides.
Et si des abris PC ouvrent, les associations ont aussi des attentes: « Ils doivent si possible être dans des endroits où des associations de soutien aux migrants sont présentes, des espaces d’accueil de jour doivent aussi être disponibles, ainsi qu’une permanence médicale au moins hebdomadaire ».
Mais comment envisager l’avenir si les flux migratoires se poursuivent? « On peut encore accueillir des migrants, mais la question est de savoir dans quelles conditions », se demande Erich Dürst. « Elles pourraient être moins bonnes, car on devrait recourir à des solutions qui ne seraient pas des premiers choix. »
Guillaume Rey, Coraline Pauchard