À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
L’Halloween, pour le commun des mortels, c’est une fête. Pour le Montréalais Jarrett Mann, c’est une vocation.
Sa passion pour le « jour des morts » lui a même valu… une carrière !
M. Mann a organisé des partys d’Halloween tellement couronnés de succès, à partir de 1997, que les salles de spectacle de la métropole ont eu envie de le recruter.
À 25 ans, en 2002, « Monsieur Halloween » dirigeait donc déjà la programmation du Club Soda. Il était lancé.
« Au départ, je voulais juste organiser un bon party d’Halloween, mais c’est allé plus loin que prévu ! » raconte M. Mann en riant.
Cet anglophone originaire de Deux-Montagnes a toujours fréquenté l’école francophone.
Il a même une affection particulière pour les films de sa jeunesse (comme Retour vers le futur ou SOS Fantômes) doublés dans un français dégoulinant d’argot parisien.
« L’Halloween, c’est mon marqueur de temps dans la vie. Ça remplace mon anniversaire. »
Lorsque la pandémie a empêché son gros party annuel deux années de suite, Jarrett Mann a vécu cela comme une sabbatique :
« Normalement, avec tout ce que j’organise, c’est la course folle 7/7 jours, ça n’arrête jamais jusqu’à l’Halloween… Et là, je pouvais voir les feuilles et cueillir des pommes ! »
Samedi dernier, Montréal retrouvait son traditionnel gros party d’Halloween, alors c’était de nouveau la folie pour M. Mann.
Old School
La fête d’Halloween de cette année s’appelait Old School (« À l’ancienne ») et puisait dans les thématiques du cinéma des années 1980 et 1990.
« C’était un combat des années 1990 contre les années 1980 avec deux DJ qui se livraient un duel musical avec les répertoires de ces décennies. »
Tous les billets étaient déjà vendus quelques jours avant l’événement, qui se déroulait au Théâtre Plaza, sur la Plaza Saint-Hubert.
Ces fêtes font à peu près toujours salle comble, si bien qu’il faut s’y pendre un peu d’avance. Vous le saurez pour l’an prochain.
Un festival autour du party
Cette année, M. Mann, un diplômé en études cinématographiques de l’Université de Montréal, produisait la 21e mouture du festival de courts métrages insolites SPASM, qu’il a lui-même fondé.
Le Festival SPASM remplit des salles de gens enthousiastes qui crient, qui rient, qui applaudissent des films de genre réalisés par de jeunes cinéastes québécois.
C’était initialement pour étoffer son fameux party d’Halloween que M. Mann a voulu présenter des films d’horreur la veille, mais ce hors-d’œuvre cinématographique est vite devenu plus gros et plus important que la fête elle-même.
Après plusieurs années à diriger la radio universitaire CISM et l’organisme KINO, M. Mann commence un nouvel emploi comme directeur du Cinéma Moderne, une nouvelle salle indépendante de 55 places pourvue d’un café-bar, sur le boulevard Saint-Laurent.
Ce fanatique de l’Halloween suggère un moyen d’éviter de devancer ou de reporter cette fête si elle tombe un lundi :
« Que la Toussaint [1er novembre] devienne un congé férié ! »