Les grandes entreprises qui se sont fournies en électricité pendant des années sur le marché libre font face aujourd’hui à une explosion des prix. Pour assurer leur survie, Berne cherche des solutions, comme par exemple leur permettre de réintégrer le marché régulé.
En Suisse, 34’000 entreprises « grosses consommatrices d’énergie » négocient leur électricité sur le marché libre où elles peuvent choisir leur fournisseur. Mais la crise actuelle qui fait flamber les prix met en péril la survie de certaines d’entre elles.
Le conseiller national et président de l’USAM Fabio Regazzi (Centre/TI) a donc proposé de leur ouvrir le marché du service de base, plus stable, où se fournissent les particuliers.
Une hausse des tarifs pour les particuliers?
« Nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle qui a apporté une augmentation des prix de 16 à 20 fois plus. A une situation extraordinaire réponse extraordinaire », a-t-il expliqué dans le 19h30.
La proposition a séduit le gouvernement et pourrait bien être appliquée. Mais elle soulève la question de savoir qui paiera l’augmentation des tarifs, inévitable avec l’arrivée de ces nouveaux consommateurs. Selon un article du Tages-Anzeiger, cela pourrait bien être aux particuliers de passer à la caisse.
Le conseiller fédéral en charge de l’Economie Guy Parmelin a démenti. Le groupe de travail mis en place pour étudier le retour d’entreprises du marché libre dans le service régulé a travaillé sur des options qui permettent d’exclure une telle répercussion. De plus, les experts se sont penchés sur d’autres propositions d’allégements en faveur des ménages privés et de l’économie.
La retour des grosses entreprises dans le marché captif divise les milieux de l’économie, comme le détaille Swissmem dans le Tages-Anzeiger: « Cela ne serait compris par personne et ne ferait que monter les particuliers et les PME contre les gros consommateurs. »
Dans tous les cas, le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) n’a pas voulu donner davantage de détails mardi.
« Libéraliser le secteur de l’électricité était une hérésie »
Interrogé dans le 19h30, Pierre-Yves Maillard, conseiller national et président de l’Union syndicale suisse, n’est pas opposé au retour des grandes entreprises mais à certaines conditions, dont celle de ne pas provoquer de hausse de prix pour les ménages et les entreprises qui étaient dans le marché régulé.
« C’est la condition de base. Nous avons soutenu l’idée que le Conseil fédéral fasse quelque chose, tout simplement parce qu’il y a des milliers de places de travail en jeu dans des secteurs déjà fragiles, comme par exemple les boulangeries ou les cinémas », a indiqué le socialiste vaudois.
« Si on ne veut pas reporter la charge sur les ménages, il faut que la Confédération intervienne, soit par une subvention aux entreprises électriques, soit par une solution à long terme en essayant de lisser les effets de ce retour dans le service public des entreprises qui se sont aventurées dans le marché libre. C’était une hérésie totale de vouloir libéraliser ce secteur. Maintenant, il faut gérer la crise et trouver une solution rapide pour les entreprises qui sont en difficulté et il faut reréguler ce secteur pour la partie qui a été libéralisée », a conclu Pierre-Yves Maillard.
>> L’interview de Pierre-Yves Maillard dans le 19h30:
Céline Brichet/lan