OTTAWA | La police provinciale de l’Ontario (OPP) a prévenu la police municipale d’Ottawa (SPO) que les participants au «convoi de la liberté» étaient organisés pour rester longtemps et que de multiples groupes, y compris des «extrémistes de droite» appelant à des «perturbations majeures», allaient fondre sur la ville.
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Une chaîne de courriels échangée entre les agents de l’OPP et du SPO dans les jours qui ont précédé l’arrivée des premiers camions a été déposée en preuve ce matin à la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence.
Hier, Pat Morris, qui dirige le Bureau du renseignement des opérations provinciales de l’OPP, a indiqué à la commission que ses services avait transmis un rapport en ce sens au SPO le 20 janvier, soit plus d’une semaine avant l’arrivée du convoi.
Le rapport avait été sollicité par l’ex-chef de la police d’Ottawa lui-même, Peter Sloly. Il indiquait que les manifestants avaient l’intention de rester jusqu’à la levée des mesures sanitaires, quel que soit le temps qu’il faudrait.
Pourtant, le SPO a continué de planifier ses actions comme s’il s’agissait d’une simple manifestation d’une fin de semaine et a assuré aux élus municipaux qu’il n’y avait rien à craindre et que les manifestants seraient partis après deux ou trois jours au plus, a dit hier Diane Deans, ex-présidente la Commission de services policiers de la Ville d’Ottawa.
Peter Sloly sera interrogé dans les prochains jours. Ce matin, c’est la cheffe adjointe par intérim de la police municipale, Patricia Ferguson qui passe sur le gril. Elle explique que ses services ont douté des avertissements de l’OPP en raison de la désinformation et de la propagande en ligne qui entoure les groupes complotistes.
Mutinerie policière
Dès le lundi, quand M.Sloly a constaté que les manifestants ne partaient pas après la première fin de semaine de chaos comme l’avait prévu l’OPP, il a réclamé que ses adjoints élaborent un nouveau plan d’action pour ramener l’ordre, d’après un échange de courriels déposés en preuve ce matin devant la commission.
Ceci ne venant pas, il a proposé lui-même un plan, mais Mme Ferguson explique à la Commission que les demandes du chef se heurtaient au manque de personnel.
Mme Deans a déclaré mercredi que M.Sloly, premier chef noir de la police d’Ottawa, était la cible de racisme dans ses rangs et faisait face à «une sorte d’insurrection». Elle a indiqué qu’un conflit avait même éclaté entre lui et la cheffe adjointe, Mme Ferguson, en pleine occupation.
Mme Ferguson explique qu’une frange de la police, elle incluse, souhaitait négocier avec les manifestants quitte à ce qu’il faille plus de temps pour résoudre la crise.
Peur des Farfadaas
Elle souligne qu’elle avait des inquiétudes pour la sécurité de ses troupes, en particulier face au groupe complotiste québécois, les Farfadaas, que la police d’Ottawa associait aux motards criminels. On s’inquiétait en plus de la présence d’ex-policiers et militaires parmi les manifestants.
La police provinciale de l’Ontario (OPP) était manifestement consterné par la police d’Ottawa, d’après des notes déposé en preuve à la commission ce matin. L’OPP y décrit sans détour un leadership incompétent. On se demandait même si l’OPS était digne de recevoir de l’aide d’autres services policiers.
«Nous n’étions pas au meilleur de nous-même», a avoué Mme Ferguson.