À Abidjan, ce 13 octobre, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a choisi d’ignorer les sceptiques et de jouer la carte de l’optimisme. « Un an après [sa création], le PPA-CI constitue une force politique majeure », s’est enthousiasmé Justin Koné Katinan, deuxième vice-président et porte-parole du parti, lors d’une conférence de presse. Avec ses 18 députés, le parti créé par Laurent Gbagbo le 17 octobre 2021 se présente comme la troisième force politique du pays, après le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié.
L’amnistie plutôt que la grâce
Face aux journalistes, Justin Koné Katinan n’a pas communiqué sur le nombre de membres que compte aujourd’hui le PPA-CI, mais il a affirmé que son implantation « progress[ait] très bien ». Il a toutefois promis qu’un point plus précis serait fait lors des célébrations marquant ce premier anniversaire. Celles-ci seront l’occasion d’une prise de parole de Laurent Gbagbo.
En attendant, le PPA-CI a entrepris de dresser un premier bilan des douze derniers mois. S’il s’est félicité de la participation du parti au dialogue politique lancé par le Premier ministre Patrick Achi, il a dit regretter la grâce accordée par le chef de l’État à son prédécesseur en lieu et place d’une amnistie. « Il n’a jamais été question d’une grâce. L’amnistie fait partie des résolutions du dialogue politique et le PPA-CI compte se battre pour cela car il s’agit de l’honneur de son président », a-t-il poursuivi.
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Très en verve, il a ensuite critiqué, pêle-mêle, le Plan national de développement (PND), « l’addiction du gouvernement à la dette », la cherté de la vie et « une diplomatie agressive » qui suscite la méfiance des voisins, référence aux tensions actuelles entre le Mali et la Côte d’Ivoire dans l’affaire des 46 militaires ivoiriens.
Le PPA-CI regrette également son absence au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) et le fait qu’il n’ait pas pu prendre part au renouvellement de ses représentations locales. « Notre entrée à la CEI n’est pas une faveur, c’est un droit, a-t-il lancé alors que le gouvernement a annoncé, le 12 octobre, le début de la révision des listes électorales. C’est une résolution du dialogue politique qui trouve inacceptable que la troisième force politique du pays n’y soit pas représentée. » Laissant entendre que la légalité de la formation avait été mise en doute, Justin Koné Katinan a insisté sur le fait qu’il avait bien un récépissé du ministère de l’Intérieur, et qu’il comptait se battre pour être intégré. Il a néanmoins appelé les militants à s’inscrire sur les listes.
Émiettement de l’électorat
« Nous allons travailler au renforcement de notre parti sur le terrain. C’est le défi que nous nous sommes lancés et nous prendrons part à toutes les élections », a-t-il affirmé. Dans sa ligne de mire : les scrutins locaux de 2023 et la présidentielle de 2025. Mais le PPA-CI va devoir se battre pour aller chercher les voix de gauche. Entre Charles Blé Goudé, qui a son propre parti (le Cojep), l’ancienne première dame, Simone Gbagbo, qui vient de lancer le Mouvement des générations capables (MGC) et Pascal Affi N’Guessan, qui demeure à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), l’électorat s’est considérablement émietté.
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Concernant ses alliances, le PPA-CI répète ne faire aucun compromis et réfute les informations selon lesquelles des discussions auraient été entamées autour de la formation d’un gouvernement d’ouverture. Au sujet du PDCI, il a expliqué que leur partenariat avait été dicté par les circonstances. Les deux anciens présidents se parlent d’ailleurs régulièrement, même si Henri Konan Bédié a laissé libre court aux spéculations, lors du bureau politique de son parti, en affirmant que le PDCI allait, lui, devoir réévaluer ses alliances.
Laurent Gbagbo sera-t-il le candidat du parti en 2025 ? « C’est le vœu des militants, mais la décision revient au président », a-t-il finalement répondu. Un obstacle demeure toutefois : le fait que l’ancien chef de l’État a été condamné à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO » (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest).