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Avis de tempête sur les économies émergentes


La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, prononce un discours sur les défis de l’économie mondiale au Centre pour le développement mondial, à Washington, le 6 octobre 2022.

Il y a, ces jours-ci, des gouverneurs de banque centrale plus soucieux que d’autres. « L’économie mondiale est dans l’œil du cyclone », a ainsi déclaré, fin septembre, celui de la Reserve Bank of India. Shaktikanta Das a des raisons de s’inquiéter : les réserves de l’institution sise à Bombay ont fondu de 100 milliards de dollars (103 milliards d’euros) depuis le début de l’année, alors que celle-ci rachète à tour de bras des roupies pour enrayer sa chute par rapport au billet vert.

Depuis que la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) a commencé à relever ses taux, au premier semestre, pour lutter contre l’inflation, les capitaux désertent les marchés émergents, en affaiblissant, au passage, leurs devises. Ainsi, la monnaie ghanéenne, le cedi, a perdu 41 % face au dollar depuis le début de l’année, tandis que le dollar taïwanais s’est déprécié de 13 %. En Mongolie, le tugrik a cédé 16 % de sa valeur, alors que les réserves de la banque centrale ont diminué de 40 % en un an. Khan Bank, le plus grand établissement bancaire du pays, vient d’annoncer le plafonnement des conversions en devises étrangères à 300 dollars par mois.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les sombres prévisions du FMI pour l’économie mondiale

« Alors que l’économie mondiale se dirige vers des eaux agitées, le temps est venu pour les responsables des pays émergents de fermer les écoutilles », a alerté le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas, dans des prévisions publiées mardi 11 octobre. Lors des trois premiers trimestres de l’année, les investisseurs étrangers ont vendu en Asie, hors Chine, 69,7 milliards de dollars d’actifs, bien au-delà des 47,6 milliards de dollars qu’ils avaient cédés au pic de la crise financière mondiale de 2008.

Institutions internationales craintives

La banque J.P. Morgan a revu à la hausse ses prévisions de sortie des capitaux des économies intermédiaires en 2022 à 80 milliards de dollars, au lieu de 55 milliards. « Onze pays émergents risquent une crise de la balance des paiements à cause du resserrement monétaire international », avertit de son côté la société d’assurance-crédit Allianz Trade, dans une note publiée début octobre. Parmi ces pays figurent le Chili, le Pakistan, la Hongrie, le Kenya ou encore la Tunisie.

Ces décrochages font planer le risque d’une crise financière similaire à celles qui ont déjà secoué la planète. A chaque resserrement de la politique monétaire américaine, lorsque les robinets à liquidité se ferment, la tempête financière se lève sur les pays émergents, comme ce fut le cas au printemps 2013, ou, en 1994, au Mexique. Une vulnérabilité qui tient à la fois à leurs besoins en financement extérieur et à la domination du dollar dans les transactions internationales et le commerce mondial.

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