L’agriphotovoltaïque – l’installation de panneaux solaires sur les terrains agricoles – aurait un énorme potentiel pour l’approvisionnement énergétique de la Suisse. Cette technique réduit toutefois les rendements agricoles et son développement est limité par la loi.
En Suisse, il n’existe pas d’installations l’agriphotovoltaïques de grande envergure. Pourtant, le potentiel de cette technique est très important.
Si on installait des panneaux solaires sur toutes les surfaces agricoles bien exposées au soleil, on arriverait potentiellement à un rendement de 120 térawatt-heure – ou 120 milliard de kWh – soit l’équivalent de deux fois les besoins en électricité du pays.
« C’est réellement un potentiel immense », explique Jürg Rohrer, directeur du groupe de recherche « Energies renouvelables » de la Haute école des sciences appliquées de Zurich, qui a réalisé ces calculs, explique-t-il dans le 19h30.
« Nous avons été surpris de voir combien ça pourrait produire d’électricité. Même en ne comptant pas les zones protégées, les zones de protection des eaux, etc, on arrive à ces 120 Térawatt-heure, c’est incroyablement élevé. »
Grandes cultures touchées
L’horizon de tels rendements est toutefois encore lointain. En Suisse, la loi autorise les panneaux solaires sur les cultures, à condition qu’ils aient des conséquences positives pour la production agricole.
Plus précisément, la législation encourage leur installation au-dessus des plantes qui les supportent le mieux, comme certains fruits ou baies, mais pas sur les grandes cultures qui pourraient risquer de moins bien pousser.
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« Restriction nécessaires »
Selon la faîtière des paysans, ces restrictions sont nécessaires. « Dans l’agriculture, notre mission principale, c’est la production de nourriture », se défend Martin Ruger, directeur de l’Union suisse des paysans.
« Et cette mission, nous voulons pouvoir continuer à l’assumer à l’avenir. Nous ne voulons pas que la production de denrées alimentaires soit limitée par ces panneaux solaires, ce qui nous pousserait à importer davantage de denrées alimentaires », défend-il.
En Suisse, le débat sur cette pesée d’intérêt entre les besoins de l’agriculture et la production d’énergie ne fait que commencer.
Séverine Ambrus/asch/jr