M6 doit rebondir après « l’occasion manqué », dixit Nicolas de Tavernost, son président du directoire, d’être au cœur de la consolidation du PAF. Après le mariage raté avec TF1, puis un deuxième round pour tenter de trouver chaussure à son pied en un temps record, l’allemand Bertelsmann, sa maison-mère via RTL Group, a jeté l’éponge, ce lundi 3 octobre. N’en déplaise aux nombreux candidats sur les rangs au deuxième tour (Xavier Niel, Stéphane Courbit, Daniel Kretinsky…), il gardera encore ses 48,3 % dans le groupe pendant cinq ans, minimum, comme l’exige la loi.
Un nain à l’échelon mondial
D’ici là, comment assurer l’avenir en solo du groupe – et continuer à faire fructifier le ticket majoritaire de l’actionnaire allemand ? Tavernost, fidèle moine-soldat, l’a édicté dès le lendemain dans les colonnes du Figaro : « durant toute la phase de dialogue avec les acquéreurs potentiels, de nombreuses perspectives de partenariats sont apparues (…) Ce n’est pas un changement d’actionnaire qui règle le problème du vieillissement de l’audience. Notre challenge désormais est de développer nos offres de contenus, notamment de streaming. »
Même nain à l’échelon mondial – le Français affichait 1,4 milliard de chiffres d’affaires fin 2021, 20 fois moins que Netflix – M6 a quelques armes. Poulidor du PAF, M6 reste la deuxième chaîne tricolore (15% de part d’audience fin 2021) et sa radio RTL la deuxième du pays (13%). Sa boutique, surtout, est l’une des mieux tenues d’Europe : 25% de marge opérationnelle fin 2021 (19,5% en 2019) et 250 millions d’euros de trésorerie.
Développer son expertise digitale
M6 pourrait miser sur les partenariats, comme l’évoque son dirigeant, pour développer notamment sa plateforme 6play, encore trop modeste, Tavernost pourrait prendre langue avec Stéphane Courbit, le patron de FL Entertainment (Banijay, Endemol, Betclic…), favori au deuxième tour, et allié historique depuis l’époque Loft Story. Ou encore Mediawan, l’entité de production de Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et de Matthieu Pigasse, détentrice des droits de diffusion de Recherche appartement ou maison, l’une des émissions phares de M6.
Contrairement à TF1, qui vient de vendre cette activité, M6 a réussi à développer des sites autour de thématiques fortes de son antenne, telles la gastronomie et l’automobile (CuisineAZ.com, Turbo.fr…). Une présence en ligne ancienne (1999) qui a aidé sa régie à acquérir une expérience digitale, à l’image de l’accord signé cet été avec Snapchat pour monétiser en direct des espaces autour de ses contenus. Coca Cola a déjà testé.
Salto, encore un dossier chaud
Côté technologie enfin le groupe a sécurisé en 2020 avec son actionnaire RTL group, le capital de Bedrock, sa filiale lyonnaise qui a développé la plateforme technologique de 6play et de Salto, la plateforme que M6 partage avec TF1 et France Télévisions. L’aspirant Netflix frenchy est d’ailleurs l’un des dossiers prioritaires – et chauds – pour le président, puisque France Télévisions, à l’occasion du rapprochement initial entre TF1 et M6, avait annoncé son intention de quitter le navire. Le combat repart.