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Pour lutter contre la nouvelle génération de voleurs de montres à Paris, des enquêteurs de plus en plus spécialisés

Pour lutter contre la nouvelle génération de voleurs de montres à Paris, des enquêteurs de plus en plus spécialisés


La montre Patek Philippe Grandmaster Cime exposée lors d’une vente aux enchères caritative Only Watch, à Genève, le 9 novembre 2019.

L’enquête a duré sept mois. Le 28 septembre, deux individus suspectés d’être à l’origine d’un trafic de montres en bande organisée ont été interpellés par les fonctionnaires de la sûreté territoriale (ST) parisienne. L’affaire est emblématique de l’évolution des équipes spécialisées dans le vol de montres de luxe, dont Paris reste la capitale mondiale.

Le 15 février, trois mineurs originaires du Val-d’Oise sont interpellés par les équipes des brigades anticriminalité des 8e et 16e arrondissements de Paris, juste après un vol avec violences : une Rolex d’une valeur de 40 000 euros arrachée du poignet d’un dentiste, rue Bizet. N’était sa rapide résolution, l’affaire pourrait paraître presque banale. Mais les enquêteurs des « groupes montres » de la ST sont convaincus d’avoir affaire à une équipe structurée.

Vérifications faites, un mystérieux coup de téléphone a été passé au cabinet de la victime les jours qui ont précédé l’agression. Au bout du fil, un interlocuteur anonyme a fortement insisté pour obtenir des précisions sur les horaires d’ouverture du cabinet. La ligne est identifiée, placée sur écoute. Le mode opératoire se répète et, le 29 juin, un autre dentiste, qui partage sur Instagram sa passion de belles horlogeries, est à son tour délesté de sa Rolex, d’une valeur estimée à 20 000 euros, au pied de son immeuble.

Les investigations permettent d’établir que le titulaire de la ligne, désormais baptisé « le donneur d’ordres » par les policiers, se trouvait à proximité des lieux le jour de l’agression. Il apparaît également impliqué dans plusieurs projets en cours, en cheville avec un complice que les enquêteurs surnomment bientôt « le logisticien ». A lui échoit la tâche de recruter des petites mains ou de trouver des véhicules.

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Les deux personnages semblent beaucoup s’intéresser au propriétaire d’un restaurant très en vue du quartier des Champs-Elysées, possesseur d’une Patek Philippe estimée à 250 000 euros. Un projet d’agression, suivi de bout en bout par les enquêteurs, est monté pour le 27 septembre. Il échoue, finalement. Le lendemain, le « donneur d’ordres » et le « logisticien » sont interpellés. En garde à vue, les deux mis en cause ont commencé par nier les faits avant de se cadenasser dans un mutisme complet. Le premier a été incarcéré, le second placé sous contrôle judiciaire.

Mauvais point pour le tourisme

Leur profil : « La vingtaine, connus des services de police, mais pas tant que ça », souffle une source, soit le portrait craché de la nouvelle génération des voleurs de montres, originaires de quartiers sensibles parisiens ou – moins fréquemment – de banlieue, plus ou moins organisés en équipes à tiroirs susceptibles de perpétuelles recompositions, mais violents dans la plupart des cas. « Des délinquants capables de réduire un être humain à la valeur de la montre qu’il porte au poignet, sans considération pour son âge ou sa situation », avance le commissaire Julien Herbaut, chef de la sûreté territoriale de Paris.

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