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douze ans après, « Aya de Yopougon » n’a pas pris une ride

douze ans après, « Aya de Yopougon » n’a pas pris une ride


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A la Fnac d’Abidjan, les 150 premiers exemplaires de la BD sont partis comme des petits pains dès sa sortie, mercredi 14 septembre. De nombreux lecteurs attendaient avec impatience de découvrir les nouvelles aventures de « la belle Aya », jeune Ivoirienne originaire de la commune populaire de Yopougon. La bande dessinée « aux 800 000 lecteurs », dont la saga a été publiée chez Gallimard de 2005 à 2010, traduite en quinze langues et même adaptée en film d’animation en 2013, n’a en effet rien perdu de sa popularité.

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Dans ce septième tome très attendu d’Aya de Yopougon (le précédent remonte à douze ans !), Marguerite Abouet à la plume et Clément Oubrerie au crayon renouent avec tout ce qui a fait le charme et le succès de la série : le trait, le ton, la sensibilité, l’humour et le nouchi, l’argot ivoirien. Sans oublier la palette de personnages hauts en couleur qui dessinent un paysage humain et vivant de Yopougon, et plus largement de la Côte d’Ivoire.

Des sujets brûlants d’actualité

Cette fois-ci, nous sommes en 1981, dans les dernières années du « miracle ivoirien », période de fort développement économique grâce notamment à la production et l’exportation de cacao. Les personnages emblématiques ont un peu grandi, les plus jeunes ont plus de responsabilités. Les trois copines de Yopougon mènent des vies désormais bien différentes. Aya a quitté les études de médecine pour le droit, Bintou alias « Flora » est une actrice mal-aimée de la télévision, tandis qu’Adjoua jongle entre son maquis et Bobby, son fils né dans le mensonge et les quiproquos au début des aventures d’Aya. Innocent dit « Inno », le meilleur ami d’Aya, est toujours en France et tente de s’en sortir, sans papiers, dans un pays où être homosexuel et noir n’est pas encore si aisé.

Marguerite Abouet retranscrit avec humour les péripéties souvent cocasses du quotidien abidjanais, le rapport à l’argent, à l’alcool, aux traditions. Elle explore des problématiques de la société ivoirienne parfois taboues. Les premiers tomes abordaient notamment les questions de l’avortement, de l’infidélité, de la polygamie et de l’homosexualité. Cette dernière thématique est largement traitée dans ce nouveau tome, tout comme le mal-logement dans les universités ivoiriennes et les droits des étudiants, dont Aya veut être la défenseuse.

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Si les aventures d’Aya se déroulent entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, la plupart des sujets traités sont toujours brûlants d’actualité en Côte d’Ivoire. Malgré les promesses d’agrandissement et de rénovation des cités universitaires, de nombreux étudiants dorment encore dans les amphithéâtres ou à l’extérieur des classes.

« Je l’attendais avec impatience »

Pour Laure Gnagbé Blédou, directrice éditoriale et marketing chez Bayard Afrique, le tour de force de Marguerite Abouet est de réussir à plonger le lecteur, d’où qu’il vienne, dans la Côte d’Ivoire d’hier et d’aujourd’hui. « Dans Aya, les problèmes et les histoires des personnages sont universels, même si le décor et les références sont ivoiriens, souligne-t-elle. Alors qu’ici, les gens ont l’habitude de se plonger dans des histoires d’Américains, d’Européens, c’est intéressant de voir que ça peut fonctionner des deux côtés. »

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Une semaine après la sortie de la BD, les bibliothèques Des Livres pour tous, fondées par Marguerite Abouet dans plusieurs communes d’Abidjan, proposent elles aussi le dernier tome. « Je l’attendais avec impatience et il est très bien. Aya a grandi, elle a plus de responsabilités, plus de défis, observe Sonia Arruda Touré, responsable de l’association. Comme à son habitude, l’autrice raconte les soucis de l’époque, la position des femmes, les revendications étudiantes… Son engagement n’a pas bougé. » Les 112 pages se dévorent et en appelleront forcément d’autres au vu des rebondissements qui ponctuent ce nouveau volet.

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