Euronext Paris vient d’accueillir un petit nouveau qui n’est pas si jeune, ce mardi matin. Deezer, le concurrent français de Spotify né en 2007, connaît ses premières heures de cotation en Bourse, sept ans après une première tentative d’introduction annulée. Le marché parisien ne lui a pourtant pas fait de cadeau : au nom d’un climat morose et des difficultés de Deezer à s’implanter sur le marché, son cours chute de 30% ce mardi matin. Un message clair de la part des investisseurs.
“La plateforme française de streaming musical Deezer n’a pas suscité beaucoup d’intérêt des investisseurs pour ses débuts”, commentait Reuters. Après une ouverture à 8,50 euros l’action, le cours de la pépite française est retombé à moins de 6 euros rapidement. Cela dit, Spotify avait connu une expérience équivalente lors de sa propre introduction en 2018. D’avril à décembre, le titre perdait jusqu’à 27,7%. Après de très hauts niveaux en février 2021 (+120%), le géant suédois est finalement retombé sous son prix d’introduction, à 34% de baisse en cinq ans.
Un analyste de chez DZ Bank, cité par l’agence de presse britannique, rappelait la difficulté d’un “secteur ultra-compétitif” avec “de multiples services (Amazon, Apple) qui sont gérés par de grandes entreprises américaines avec des poches très profondes et des écosystèmes solides qui peuvent subventionner leur entreprise avec d’autres sources de revenus et donc ils ne dépendent pas sur le succès de leurs plateformes musicales contrairement aux entreprises pures play”.
Deezer devra faire face à un double danger donc, entre son rival Spotify (sur le même modèle de rémunération) et sur les big tech américaines. En France, où la majeure partie de ses utilisateurs se trouvent, le service ne possède que 30% de parts de marché. Le chiffre tombe à seulement 2% quand il est question du marché international. Deezer n’a jamais pu atteindre les 10 millions d’abonnés ni les 5 millions en France.
Une cotation indispensable, mais peut-être fatale
Mais selon ses équipes, l’introduction en Bourse était une étape indispensable. “Pour nous développer, nous avons besoin de gagner un peu plus d’argent”, disait Louis-Alexis de Gemini, le responsable marketing de Deezer. La procédure d’introduction décidée fut celle d’un SPAC : Deezer a fusionné avec la société d’acquisition à vocation spécifique I2PO, arrivé en Bourse en juillet 2021 (et qui a déjà réussi à lever 275 millions d’euros).
Pour tenir le coup, la plateforme française peut compter sur des investisseurs de renom, tel que la famille Pinault, le banquier d’affaires Matthieu Pigasse et l’ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch. L’actionnaire milliardaire anglo-américain Len Blavatnik, qui détient 43% de Deezer, est toujours de la partie, lui qui avait déjà sauvé les meubles en 2015 lors de la tentative ratée d’introduction.
À voir comment, dans les prochains mois, le climat morose du fait du retour à la hausse des taux d’intérêt touchera la licorne française. En ce début du mois de juillet, c’est la deuxième douche froide pour une licorne française en Bourse, après celle d’OVHcloud, en perte de 40% depuis le début de l’année.