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Après la vague d’indignation suscitée par les propos du député RN Grégoire de Fournas, l’Assemblée nationale a décidé, vendredi, d’exclure temporairement, pendant quinze jours l’élu, accusé de racisme par les autres groupes parlementaires.
La sanction est tombée. Le député Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas, accusé d’avoir tenu des propos racistes en séance, a été exclu temporairement du Palais Bourbon, a annoncé vendredi 4 novembre la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet.
La décision a été confirmée par un vote dans l’hémicycle, lors duquel les députés favorables à la sanction, la plus lourde prévue par le règlement, se sont levés.
La présidente a demandé à Grégoire de Fournas, élu de Gironde, de quitter l’hémicycle avant de prendre la parole. « Le libre débat démocratique ne saurait tout permettre […] et surtout pas le racisme », a déclaré Yaël Braun-Pivet.
D’après le compte rendu de la séance de questions au gouvernement de jeudi, Grégoire de Fournas a lancé « Qu’il retourne en Afrique » lors d’une intervention du député La France insoumise (LFI) du Val-d’Oise, Carlos Martens Bilongo, qui interpellait le gouvernement sur les opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée.
Censure avec exclusion temporaire
Après avoir entendu Grégoire de Fournas, le bureau de l’Assemblée a décidé de prononcer contre lui une « censure avec exclusion temporaire », qui prévoit une réduction de moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois et l’interdiction de participer aux travaux parlementaires ou de paraître au Palais Bourbon pendant quinze jours.
C’est la deuxième fois seulement qu’une telle sanction est prononcée depuis 1958. Selon deux participants à la réunion du bureau de l’Assemblée, la décision a été prise à l’unanimité, les députés RN présents ayant choisi de quitter la salle et de ne pas participer au vote.
La sanction correspond à « ce que nous demandions », a déclaré Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI. De son côté, Marine Le Pen, présidente du groupe RN, a dénoncé une procédure « politique ». « Si à chaque fois qu’un propos manque de finesse, il devait faire l’objet d’une exclusion de l’Assemblée nationale, on se sentirait à l’aise, on aurait de la place », a-t-elle déclaré à la presse.
Manifestation devant l’Assemblée
Le camp RN affirme que le député incriminé parlait du bateau de migrants évoqué par l’élu LFI et ne visait pas ce dernier, auquel Grégoire de Fournas a envoyé un message, consulté par Reuters, dans lequel il se dit notamment « navré de l’incompréhension » suscité par ses propos.
Plusieurs membres du gouvernement et des députés hors RN de l’Assemblée nationale ont vivement protesté après l’incident, tandis que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, parlait de « racisme ordinaire ».
En début d’après-midi, avant la réunion du bureau de l’Assemblée, une manifestation de protestation à l’appel de LFI a réuni quelques centaines de personnes aux abords du Palais Bourbon, dont le député Carlos Martens Bilongo et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon a réclamé « la sanction la plus sévère pour la personne qui s’est rendue coupable des propos racistes que nous avons entendus ». Ajoutant : « Ces propos sont incompatibles avec l’identité de notre patrie commune et le lieu dans lequel cette phrase a été prononcée. »
« Dehors ! », a-t-il lancé sous les applaudissements. Le rassemblement s’est terminé par une Marseillaise chantée.
Avec Reuters