Les Taïwanais se précipitent pour acheter des écussons portés par leurs pilotes de l’armée de l’air représentant un ours noir de Formose frappant Winnie l’ourson – symbole du leader chinois Xi Jinping – en signe de résistance de l’île aux exercices militaires chinois. La Chine a commencé trois jours d’exercices militaires autour de Taïwan samedi, un jour après le retour du président de l’île, Tsai Ing-wen, d’une brève visite aux États-Unis, où elle a rencontré le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy malgré les avertissements de Pékin. Les censeurs chinois ont depuis longtemps ciblé les représentations de Winnie l’Ourson, créé par l’auteur britannique A.A. Milne, en raison de mèmes Internet qui comparent l’ours fictif au leader chinois.
Alec Hsu, qui a conçu l’écusson, le vend dans son magasin depuis l’année dernière, mais il a constaté une augmentation des commandes après que l’agence de presse militaire de Taïwan a publié samedi une photo de l’écusson sur le bras d’un pilote inspectant un avion de chasse. « Je voulais augmenter le moral de nos troupes en concevant cet écusson », a déclaré Hsu, qui possède le magasin Wings Fan Goods Shop. Hsu a déclaré qu’il avait commandé plus d’écussons pour répondre à la demande croissante. Les clients comprennent des officiers militaires et des civils.
L’écusson montre un ours noir de Formose en colère tenant le drapeau de Taïwan et frappant Winnie l’ourson, avec le slogan « Dégagez ! » – faisant référence à ce que les pilotes de l’île ont dû faire avec une fréquence accrue au cours des trois dernières années alors que la Chine envoie plus d’avions dans la zone d’identification de la défense aérienne de Taïwan – une zone de protection auto-déclarée qui s’étend au-delà de l’espace aérien de l’île. L’ours noir de Formose en danger est considéré comme un symbole de l’identité taïwanaise.
Bien que l’écusson de Winnie l’ourson ne puisse pas être trouvé sur les médias sociaux chinois, Pékin continue à promouvoir des vidéos et des commentaires sur ses exercices autour de Taïwan. Les exercices de la marine chinoise visaient à pratiquer des « blocus maritimes » et des « assauts ciblés sur les navires ennemis à quai » dans le détroit de Taïwan, ainsi que dans le nord-ouest, le sud-ouest et les eaux à l’est de Taïwan, ont rapporté les médias d’État chinois.
L’analyste Carl Schuster, ancien directeur des opérations du Centre d’information commun du Commandement du Pacifique des États-Unis, a déclaré que l’Armée populaire de libération (APL) « pratiquait et affinait probablement la coordination aérienne et les opérations conjointes nécessaires pour initier un blocus des ports et des couloirs aériens de Taïwan ». Un blocus chinois de Taïwan pourrait couper les approvisionnements en provenance de l’île, y compris toute aide militaire ou autre envoi des États-Unis ou de ses partenaires.
La Chine communiste revendique démocratiquement Taïwan comme son propre territoire sans jamais l’avoir contrôlé et n’a pas exclu de prendre l’île par la force. Le gouvernement de Tsai rejette les revendications de souveraineté de la Chine, affirmant que seul le peuple taïwanais peut décider de son avenir. Les autorités chinoises ont mis en garde à plusieurs reprises contre la rencontre de Tsai avec McCarthy et ont menacé de prendre des « mesures fortes et résolues » si elle avait lieu. Après le début des exercices, Pékin les a décrits comme « un avertissement sérieux contre les forces séparatistes de Taiwan en collusion avec des forces extérieures et une mesure nécessaire pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale nationales ».
