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Un Tetris géant de 538 bicyclettes

Un Tetris géant de 538 bicyclettes


À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Un organisme bien connu, actif autant à Québec qu’à Montréal, a envoyé plus d’un demi-millier de vélos rafistolés au Togo, où ils serviront à des femmes et à des enfants pour faciliter les commissions ou le trajet vers l’école.

Cette tâche de réunir autant de vélos dans un conteneur maritime, physiquement parlant, n’a rien d’une sinécure.

C’est un marathon. 


Adam Aït-Âarab montre un des vélos qui sera donné à un enfant défavorisé, soit du Québec, soit de l’étranger.

Photo Louis-Philippe Messier

Adam Aït-Âarab montre un des vélos qui sera donné à un enfant défavorisé, soit du Québec, soit de l’étranger.

« On commence vers midi et on termine vers 21 h », m’explique Adam Aït-Âarab, le directeur des communications de Cyclo Nord-Sud, l’organisme de remise à neuf de vélos donnés qui a des dizaines de points de chute pour les dons dans plusieurs régions du Québec.

Avis à ceux parmi vous qui ont un vieux vélo qui ramasse la poussière quelque part : Cyclo Nord-Sud émet des reçus fiscaux pour les vélos donnés.

« On reçoit de tout : des vélos presque neufs et des vélos qui ont moins bonne mine et qu’il faut dépecer pour en garder les pièces réutilisables », dit Julien Aguado-Millan, le mécanicien de vélo responsable de la logistique des pièces. 

« Frankensteiniser » des vélos

L’organisme existe depuis plus de vingt ans. 

Ses ateliers de Québec et de Montréal, avec respectivement 20 et 60 bénévoles, parviennent à remettre à neuf et à donner grosso modo 1000 vélos par an à des gens dans le besoin ici, et 1000 vélos à l’international.

Certains des vélos donnés à l’organisme ont seulement besoin d’une mise au point, alors que d’autres se font « frankensteiniser » : 

« Des fois, ça prend deux ou trois vélos usagers pour en faire un bon », m’explique Anne Dongois, une relationniste bien connue qui œuvre bénévolement pour l’organisme. 

« C’est mon travail de m’assurer que les vélos qui sortent de nos ateliers sont sécuritaires et, bien sûr, pour des pays comme le Togo avec des routes accidentées ou de terre battue, il faut des montures robustes, pas des vélos de course », dit M. Aguado-Millan.

« Nos bénévoles se forment entre eux à la mécanique. Les plus expérimentés sont associés en binôme avec ceux qui n’y connaissent rien, mais qui sont motivés », dit Anne Métivier, la coordonnatrice des bénévoles.

Un des bénévoles sur place en train de charger les centaines de vélos vers le Togo, un certain Alan, m’explique qu’il est un ancien mécanicien industriel.

Maximiser les envois

Il transmet donc ses connaissances aux néophytes qu’il côtoie dans l’atelier.  

Un retraité de 68 ans, André Turcotte, est à pied d’œuvre dans le conteneur et participe à l’élaboration du « casse-tête » géant.

Jérémie Trudel, un stagiaire de 25 ans, agile comme un singe, se meut sur une rangée de vélos cordés serrés, dont les pédales et les sièges ont été ôtés, pour y superposer une autre série de bicyclettes.

« C’est un immense jeu de Tetris en 3D et l’organisme a développé une expertise pour maximiser le nombre de vélos dans un seul conteneur », dit M. Aït-Âarab.


Vigilante à son poste (sauf quand je la déconcentre avec mes questions), Lynne St-Jean comptabilise les types de vélos introduits dans le conteneur.

Photo Louis-Philippe Messier

Vigilante à son poste (sauf quand je la déconcentre avec mes questions), Lynne St-Jean comptabilise les types de vélos introduits dans le conteneur.

Vigilante devant le conteneur, la bénévole Lynne St-Jean comptabilise les types de vélos et les pièces qui entrent dans le conteneur vers le Togo : exactement 538 !

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