S’il y en a qui doutaient encore de la chimie entre Nick Suzuki et Cole Caufield, le but égalisateur de ce dernier à 19 min 57 s en troisième période, samedi soir, devrait les rassurer.
Quel but incroyable, et sous pression en plus ! D’abord, Suzuki qui récupère le tir hors cible de Caufield le long de la bande et puis la démonstration de sa vision exceptionnelle et de son sang-froid en refilant le disque à Caufield de l’autre côté de la patinoire avec environ quatre secondes au tableau.
Suzuki aurait pu tirer, comme la majorité des joueurs l’auraient fait avec si peu de temps au cadran. L’entraîneur, Martin St-Louis, a très bien illustré la vivacité d’esprit de son capitaine en disant : « Nick ne joue pas aux dames. Il joue aux échecs ».
Passons à l’exécution de Caufield, maintenant. La passe était vive et vers le patin arrière. Beaucoup de joueurs auraient arrêté la rondelle en espérant décocher un tir plus puissant, mais Caufield a toutes les qualités d’un grand marqueur, dont celle de pouvoir décocher sur réception en se contorsionnant. Il a d’ailleurs tiré avec le genou droit sur la glace.
Le gardien des Flyers, Carter Hart a été battu, non pas par la puissance du tir, mais par la passe rapide de Suzuki et l’exécution instantanée de Caufield. Du grand art !
Le tour de la ligue
Croyez-moi, c’est le genre de but qui fait le tour de la ligue, non pas seulement par sa beauté, mais par son importance et sous la pression du chronomètre. On savait à travers la LNH que Suzuki et Caufield étaient bons, mais là, on sait qu’ils peuvent exceller sous pression. C’est ce genre de moment qui fera que dans deux ou trois ans, lors d’un match important en séries, ils auront la confiance de recréer cette magie.
Ils le savent, et maintenant toute la ligue le sait. J’avoue qu’ils dépassent mes attentes. On savait que Caufield était un marqueur naturel et que Suzuki était un excellent passeur, mais le capitaine peut aussi la mettre dedans. Son but en tirs de barrage était incroyable. Quelles mains ! On rêve même de deux marqueurs de 50 buts, mais je serais heureux avec un seul.
Ça me rappelle la complicité que je voyais entre Alexander Ovechkin et Nicklas Backstrom à Washington. Ovie pratiquait son tir sur réception après les entraînements et il demandait à Backstrom de lui faire des passes parfaites, mais aussi des passes devant lui, derrière lui, plus rapides, etc. Il a ainsi développé sa capacité à tirer dans n’importe quelles circonstances.
Le cadeau de Bergevin
On a beau dire ce qu’on veut sur l’ancien directeur général, Marc Bergevin, il n’a pas été parfait, mais ce duo Suzuki-Caufield est tout un cadeau qu’il a laissé aux partisans du Canadien. J’ai l’impression qu’à Las Vegas, on doit regretter d’avoir laissé partir Suzuki dans l’échange de Max Pacioretty.
Reste maintenant au successeur de Bergevin, Kent Hugues, à mettre Caufield sous contrat pour plusieurs années. Ça va coûter des dollars, mais le petit duo explosif va faire des flammèches pendant des années. Ça promet, et je me répète, toute la ligue le sait déjà. De plus, le costaud Kirby Dach les appuie très bien. Son travail le long des bandes est remarquable.
J’imagine qu’un partisan du Canadien qui vit en Nouvelle-Zélande ou en Afrique et voit le CH en sixième place de la division Atlantique, doit se dire que c’est une autre saison plate à Montréal, mais non. On est rendu ailleurs et ce n’est qu’un début.
Il y a encore beaucoup de travail à faire et on le constate avec la baisse de régime des gardiens et des jeunes défenseurs, mais ça fait partie du processus et on sait que l’équipe est entre bonnes mains avec Martin St-Louis.
– Propos recueillis par Gilles Moffet
Entrefilets
UN LIVRE QUI FAIT JASER
Le livre de Pierre Gervais fait autant jaser que Nick Suzuki et Cole Caufield. Gervais n’est pas du genre à régler des comptes, mais il raconte les choses comme il les voit dans son œuvre et il partage des détails intéressants sur Dominique Ducharme, entre autres. Personne n’est tombé en bas de sa chaise en apprenant que Ducharme n’avait pas le respect de son vestiaire. Quant à Marc Bergevin, le travail de directeur général l’a rendu un peu trop sur la défensive, et je m’en suis rendu compte personnellement. Il n’aimait pas toujours ce que j’écrivais et ça paraissait dans son attitude. Ses sautes d’humeur à l’interne ne l’ont pas aidé, non plus. Je me demande s’il agirait autrement si tout était à recommencer ou s’il reconnaîtra ses torts, un jour.
ENCORE LES DEVILS
Avant le duel d’hier contre les Oilers d’Edmonton, les Devils étaient dans une séquence incroyable de 12 victoires consécutives. Ça commence à être du sérieux et personne ne les avait vus venir. Ils n’ont pas un alignement à tout casser, mais ils sont bien dirigés par Lindy Ruff et on l’a constaté lors de leur visite au Centre Bell, la semaine dernière. Les succès des Devils me laissent espérer que le Canadien puisse tourner le coin dans un avenir pas si lointain.
ARBER XHEKAJ
Il y en a pour tous les goûts à Montréal et le robuste défenseur de 21 ans, Arber Xhekaj, n’a pas froid aux yeux. C’est bon d’avoir un jeune arrière costaud qui sait jouer au hockey et qui peut aussi défendre ses coéquipiers. Il se fait un nom à sa manière et il n’hésite pas à jeter les gants, peut-être un peu souvent, mais il impose le respect.