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Un Airbus A380 vendu en pièces détachées aux enchères à Toulouse

Un Airbus A380 vendu en pièces détachées aux enchères à Toulouse


Charles, un retraité de 69 ans qui portait un polo bleu marine siglé A330 Neo, est reparti bredouille. L’intarissable connaisseur de l’aéronautique convoitait pour son fils, ingénieur chez Airbus, les trois panneaux lumineux de sortie de secours d’un A380 dont les pièces étaient vendues aux enchères depuis jeudi 13 octobre, à Toulouse. Estimés à 80 euros, ces petits objets lui sont passés sous le nez au prix de 310 euros.

Benoît, un architecte designer quadragénaire, lui, n’est pas venu pour rien. Dans son panier, quatre couvercles en plastique de coffre à bagage latéral et trois panneaux d’habillage du fuselage. Le tout pour la somme de 1 800 euros. « J’avais un budget de 4 000 euros, et il était hors de question que je reparte les mains vides », prévient le créateur d’objets, qui s’était préparé à cette vente. Dans un petit carnet, il avait noté, au préalable, au crayon à papier, les éléments recherchés à des prix abordables. « Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire de l’objet, la forme et sa matière », se justifie-t-il. « Mais cet avion ou un autre, pour moi, c’est pareil. »

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Lampes torches, équipements électriques du cockpit, lit de bébé, vasque, machine électrique à café, tablette coulissante, mini-manche du commandant de bord… Cinq cents pièces, qui proviennent essentiellement de la cabine de l’avion, ont été mises en vente sous les coups de marteau du commissaire-priseur Marc Labarbe.

Installé derrière le bar de la cabine business – la pièce maîtresse, estimée entre 2 000 et 3 000 euros –, il a animé, tel un chef d’orchestre, la vente aux enchères. Entré en service en octobre 2008​, cet A380, un exemplaire numéroté MSN13, a été ​​exploité par Emirates. Retiré de la flotte de la compagnie aérienne pendant la pandémie de Covid-19, l’aéronef avait été ensuite désossé en 2021 par la société Tarmac Aerosave, filiale d’Airbus, installée près de Tarbes (Hautes-Pyrénées) puis revendu à Airbus.

« Recyclage intelligent »

Depuis octobre 2007, date de l’entrée en service du premier exemplaire du gros-porteur à la compagnie aérienne Singapore Airlines, le constructeur a livré 251 A380. Alors que sa production a été définitivement arrêtée en décembre 2021, cette vente aux enchères intervient au moment où l’avion retrouve de l’intérêt auprès des compagnies aériennes : Lufthansa, Qatar Airways ou encore British Airways remettent progressivement en service leurs appareils.

« Nous voulions permettre aux amoureux de l’aéronautique de repartir avec un morceau de cet appareil », explique Sophie de Lacroix, salariée d’Airbus et cheffe de projet de cette vente, dont le bénéfice sera reversé à la fondation de l’avionneur, qui finance des opérations humanitaires. AIRitage, une association qui agit pour la sauvegarde du patrimoine aéronautique en stockant, par exemple, archives, photos et brevets des pilotes, empochera 30 % de la somme totale.

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« Avec cette vente, on fait du recyclage intelligent », se félicite Jacques Rocca, membre du conseil d’administration d’AIRitage. « Avec le montant, nous allons pouvoir aménager l’intérieur d’un A380 MSN4. Cet avion d’essai, qui s’est posé au Bourget [près de Paris], en février 2017, sera visitable par le public en 2024. » Ce n’est pas la première fois qu’Airbus démonte ses avions. En 2007 déjà, l’avionneur avait mis en vente 900 lots du Concorde. Cette opération avait permis de récolter 800 000 euros.

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