Depuis la restructuration de Twitter, les interrogations sont vastes dans l’entreprise. L’autorité de régulation du secteur de la communication numérique en France, a exprimé au réseau social sa « vive inquiétude » quant aux conséquences de la restructuration de l’entreprise depuis son rachat par Elon Musk sur sa capacité à honorer ses obligations légales.
Dans une lettre datée du 18 novembre, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) dit s’inquiéter quant à « la capacité de Twitter à maintenir un environnement sûr pour les utilisateurs de son service ». Pourquoi ? Depuis son rachat par Elon Musk pour 44 milliards de dollars (43,1 milliards d’euros environ), Twitter a licencié plus de la moitié de ses 7.500 salariés, soit 3.700 personnes, et s’est séparé d' »environ 75% » de ses prestataires. La firme à l’oiseau bleu a aussi réduit le nombre de ses sous-traitants. Le directeur général de la filiale française, Damien Viel, a lui-même annoncé son départ dans un tweet dimanche.
C’est fini 🫡 Fierté, honneur et mission accomplie. Au revoir #twitterfrance 🇫🇷. Quelle aventure ! Quelle equipe ! Quelles rencontres ! Merci à tous pour ces 7 années incroyables et intenses💙. #workhardplayhard #OCaptainMyCaptain #LoveWhereYouWorked
— damien viel (@damienviel) November 20, 2022
Twitter avait affirmé, dans un questionnaire publié par le CSA (prédécesseur de l’Arcom) l’an dernier, employer 1.867 personnes dédiées à « l’application de (ses) politiques et à la modération des contenus », soit « plus d’un tiers » de ses « effectifs mondiaux ».
Twitter a jusqu’au 24 novembre pour confirmer qu’elle fait face à ses obligations à l’Arcom
L’Arcom ajoute avoir donc demandé à l’entreprise américaine de lui confirmer « au plus tard le 24 novembre » qu’elle est « en mesure de faire face aux obligations que la loi lui impose et de lui faire part de l’évolution à brève échéance des moyens humains et technologiques consacrés au respect de ces obligations ».
Dans sa lettre, l’Arcom rappelle entre autres que Twitter doit lutter contre la manipulation de l’information dans le cadre de la loi de 2018, qui l’oblige à coopérer avec les autorités en fixant des contraintes de moyens et de transparence en la matière.
Le réseau social qui comptait 5,6 millions de visiteurs uniques par jour en France en septembre, selon Médiametrie, est aussi soumis « à l’ensemble des obligations de moyens relatives à la lutte contre la diffusion de contenus haineux en ligne », ajoute-t-elle.
Règlement historique
S’il ne peut pas sanctionner la plateforme, le régulateur est chargé de veiller à la bonne application de ces obligations. L’Arcom prévient vouloir « plus largement s’assurer » de l’implication de Twitter « dans la mise en oeuvre » de la loi européenne sur les services numériques (DSA), autrement plus contraignante.
Ce règlement historique, que Twitter devra appliquer vers l’été 2023, autorise la Commission européenne à infliger des amendes aux plateformes allant jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial, voire une interdiction d’opérer dans l’UE en cas d’infractions graves répétées.
(Avec AFP et Reuters)