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Tout comprendre sur le futur cyber avion de combat européen et son système SCAF

Tout comprendre sur le futur cyber avion de combat européen et son système SCAF


La France et l’Allemagne ont annoncé un accord sur le projet d’avion de combat européen (SCAF) mené aussi avec l’Espagne. Pour l’Élysée, c’est « un grand pas en avant » pour ce projet complexe et coûteux déjà soumis à une forte concurrence mondiale et même européenne

C’est parti! Vendredi, la France et l’Allemagne ont annoncé la conclusion d’un accord entre Dassault Aviation et Airbus Defence and Space, les deux industriels partenaires dans le projet du futur avion de combat européen. Ce nouvel épisode intervient après des mois de discussions qui faisaient douter de l’aboutissement du programme.

« L’accord politique sur le SCAF est un grand pas en avant et – surtout dans le contexte international actuel – un signal important de l’excellente coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne », a réagi la présidence française dans un communiqué, soulignant que « la France assure le rôle de chef de file du projet ».

« Après des négociations intenses, un accord entre industriels a pu être atteint pour la prochaine phase du programme » de Système de combat aérien du futur (SCAF), a indiqué le ministère allemand de la Défense dans un communiqué diffusé à Berlin.

• Le Scaf, c’est quoi?

Le SCAF (système de combat aérien du futur) n’est pas un simple avion, mais un système global. Il s’articule autour d’un avion (le NGF, New generation fighter) équipé d’un ensemble d’armements de nouvelle génération et d’un essaim de drones. Ce dispositif est connecté, via un « cloud de combat », avec les autres moyens militaires (terre, air et mer) engagés dans une opération.

• C’est quoi un avion de 6e génération?

Le NGF est un avion de 6e génération. Il a vocation à remplacer progressivement à partir de 2040 les Rafale en service en France et les Eurofighter allemands et espagnols.

Les avions de 6e génération seront furtifs, c’est-à-dire indétectables aux radars et aux satellites. Ils seront aussi connectés à un Cloud et permettront de piloter un essaim de drones pour de la reconnaissance ou mener des attaques.

Pour cela, un cockpit sera créé. Un prototype avait été dévoilé l’an dernier par l’Agence Innovation Defense (AID) dont le directeur, Emmanuel Chiva, est devenu directeur général pour l’armement.

Ces appareils auront aussi des possibilités de faire des manœuvres programmées, c’est-à-dire sans assistance humaine. Certaines missions pourraient même être télécommandées ou contrôlées par une intelligence artificielle.

• Le coût du programme

Le programme Scaf représente 100 milliards d’euros. Pour le financer, la France et l’Allemagne ont fait entrer en 2019 l’Espagne pour partager à trois le coût du programme. En 2021, les trois gouvernements ont signé un accord prévoyant 3,6 milliards d’euros d’études détaillées pour la construction d’un démonstrateur.

En 2019, l’entourage de Florence Parly évoquait la volonté d’autres pays européens de rejoindre ce trio, sans dire lesquels. Selon « L’Echo« , la Belgique aurait candidaté sous la pression des industriels de l’aéronautique. Selon le media belge, Dassault aurait fermé la porte aux Belges suite à l’achat de F-35 américain par Bruxelles.

Ce refus sera-t-il revu puisque l’Allemagne a également signé avec Lockheed Martin pour l’achat de 35 F-35. D’ailleurs, 11 pays d’Europe ont passé commande pour s’équiper du chasseur américain.

• Le calendrier et l’organisation industrielle?

Ce projet a été lancé en 2017 pour être opérationnel dès 2040. Dans le calendrier initial, la première étape consistait à lancer en 2025 la construction d’un démonstrateur en vol qui décollerait en 2027. Une fois validée par les autorités des trois pays partenaires (la DGA pour la France), la phase industrielle pourra démarrer pour livrer les premiers appareils en 2040.

Avec le retard du projet, ce calendrier sera-t-il respecté? Pas sûr. Au plus fort de la discorde entre Dassault et Airbus, Éric Trappier, patron de Dassault Aviation, disait qu’il faudrait peut-être 10 ans de plus, soit 2050. Il a plus tard nuancé son propos.

Mais il faudra accélérer la cadence pour rattraper le temps perdu. Il faut poursuivre étude de recherche et technologie organisée en cinq piliers. Pour chacun, il y a un industriel leader et un industriel partenaire principal. Cette organisation a été dévoilée dès 2021.

Organisation industrielle du programme Scaf (système de combat aérien du futur) présentée par la DGA
Organisation industrielle du programme Scaf (système de combat aérien du futur) présentée par la DGA © PS

Dassault est maître d’œuvre du NGF, Airbus D&S est responsable des autres chantiers. Son unité allemande pilotera la conception des drones (avec le Français MBDA et l’Allemand Satnus) et le Cloud de combat (avec Thales et Indra). Sa filiale espagnole s’occupera du développement des technologies de furtivité. Les capteurs sont du ressort d’Indra (avec Thales et l’Allemand FCMS). Le moteur sera conçu par Eumet, la joint-venture entre Safran, l’allemand MTU et l’espagnol ITP.

• Qui sont les concurrents du Scaf?

Il y en a beaucoup et même en Europe. Le Royaume-Uni s’est allié avec l’Italie et la Suède pour mettre au point le Tempest, un autre FCAS (Futur combat air system). En juillet dernier, Londres a annoncé que son démonstrateur sera prêt à voler d’ici cinq ans. Selon le ministère britannique de la défense, il équipera la Royal Air Force dès 2035.

Face aux Européens, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon, Taiwan et la Russie, travaillent sur ces appareils. C’est une course militaire, technologique et donc de fait une guerre d’informations. Chaque pays est discret sur ce qu’il fait et diffuse des annonces totalement invérifiables car protégées par le secret-défense. En 2020, par exemple, les Américains ont dévoilé avoir réalisé les tests du démonstrateur du NGAD (Next Generation Air Dominance).

Pascal Samama

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