Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, ayant pour objectif d’établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, a révélé que le pays est vulnérable au niveau énergétique, suite à la flambée des prix du gaz et du pétrole et à la nécessité d’accélérer la transition écologique afin de lutter contre les effets du changement climatique. La commission a mené des dizaines d’auditions d’experts, de responsables de la filière nucléaire, de régulateurs, de ministres et même de deux anciens présidents de la République, et a présenté son rapport le 6 avril 2022.
La commission a souligné les errements, les dérives et les renoncements qui ont contribué à l’échec collectif que la France a connu sur le plan énergétique. La moitié du parc de centrales nucléaires s’est retrouvée à l’arrêt à la fois pour des contraintes de maintenance et pour réparer des défauts de conception sur certains réacteurs, laissant planer la menace de coupures intempestives de courant. À la clé, une explosion des importations d’électricité, alors que la France était historiquement exportatrice, et près de 18 milliards d’euros de pertes pour EDF.
Le rapport souligne que la façon de penser le mix énergétique de la France a failli, avec une dépendance disproportionnée aux énergies fossiles importées, des atermoiements sur les énergies renouvelables et une faible attention apportée à la sobriété. La commission a également mis en évidence une certaine irresponsabilité dans la prise de décisions, qui dépendaient plus des sondages d’opinion, des accords électoraux ou d’a priori idéologiques, sans tenir compte des besoins énergétiques réels de la France et de sa capacité industrielle et financière à les accompagner.
Le rapport ne s’appesantit cependant pas sur les responsabilités de la filière nucléaire elle-même dans des choix industriels contestables, qui sont aussi les siens. La commission appelle à une programmation énergétique de long terme, fondée sur des objectifs climatiques, énergétiques et industriels crédibles et partagés sur le plan démocratique. La France doit travailler sur la production d’énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour tourner la page du fiasco actuel.
Le pays doit donc se doter d’une vision de long terme sur ses ambitions industrielles et climatiques pour éviter les errements et les dérives constatés ces dernières années. Il est temps pour la France de prendre des mesures concrètes pour accélérer la transition écologique et limiter la dépendance aux énergies fossiles importées. Le rapport met également en avant la nécessité de prendre en compte les défis environnementaux que le pays doit résoudre, ainsi que les exigences de transparence de la société.