- En 2022, les grandes banques françaises ont enregistré d’excellentes résultats
- 2023 s’annonce plus difficile
- En cause, notamment, le ralentissement des crédits immobiliers et à la consommation ainsi que la hausse des taux d’épargne
28 milliards d’euros. C’est le total des bénéfices réalisés par les grandes banques françaises en 2022 (hors Banque Postale et Crédit Mutuel Arkéa qui n’ont pas encore publié leurs résultats). Après une année 2021 record et malgré un contexte économique difficile, BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont toutes fait au moins aussi bien en 2022. Seule la Société Générale a dû accuser une charge de 3,3 milliards d’euros après sa sortie précipitée de Russie.
Comment les banques ont-elles pu réaliser de tels résultats alors que la crise frappe le monde entier ? Grâce aux investissements financiers expliquent Les Échos. Dans un contexte aussi incertain, les marchés financiers se sont montrés très volatile. De quoi pousser les investisseurs à se tourner vers des produits financiers couvrant les fluctuations de prix et de change.
Ainsi, les banques de financement et d’investissement de BNP Paris, Crédit Agricole et Société Générale ont pesé pour beaucoup sur leurs résultats. « Les banques français ont même fait mieux que leur concurrentes américaines et européennes » explique aux Echos Antonio Roman, gérant de portefeuilles chez Axiom AI.
Dans le même temps, les crédits se sont montrés solides durant les trois premiers trimestres de l’année. Mais le dernier trimestre a laissé entrevoir des difficultés qui toucheront tout le secteur durant l’année 2023.
Crédits en baisse et hausse des taux d’épargne
Si les volumes de crédits sont restés importants en 2022, le quatrième trimestre a été marqué par un fort ralentissement. De quoi mettre les banques dans le flou. Le crédit immobilier a été fortement touché, en témoignent les baisses de revenus chez les banques mutualistes comme le Crédit Agricole et BPCE (Banque Populaire – Caisse d’Epargne).
Même constat pour les crédits à la consommation. Plus généralement, les activités de banques de détail seront les plus touchées par le contexte macroéconomique. BNP Paribas, Société Générale et BPCE ont d’ailleurs prévenu que l’année 2023 serait une année de transition.
Car dans le même temps, les banques doivent répercuter les hausses des livrets d’épargne décidées par les autorités. Le livret A est passé à 3% de taux d’intérêt au 1er février 2023, le Livret d’Epargne Populaire (LEP) à 6,1%.
Enfin, même si la France devrait échapper à la récession, les faillites devraient continuer à croître en 2023. Les banques provisionnent ce qui augmente aussi le coût du risque, en hausse de 41% pour BPCE par exemple avec sa filiale Oney (codétenue avec Auchan). Autant de facteurs qui, cumulés, annoncent une année 2023 complexe et poussent les banques à la prudence.
La BCE vigilante sur le versement de dividendes
De la prudence, la Banque Centre Européenne en demande elle aussi. Malgré le contexte économique, les banques n’ont pas hésité à augmenter les dividendes versés aux actionnaires. BNP Paribas a annoncé une hausse accompagnée d’un programme de rachat d’actions de 1 milliard d’euros avec, en prime, les 4 milliards d’euros issus de la vente de Bank of the West, filiale du groupe. Au Crédit Agricole, les dividendes ont été maintenus au même niveau que 2021.
De quoi rassurer les investisseurs mais pas forcément les autorités. La BCE a demandé aux banques de contrôler la distribution de dividendes aux actionnaires alors que le contexte économique se dégrade et que la vindicte populaire se fait plus forte.