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« Si elle n’y prend pas garde, l’Europe risque de devenir l’union des territoires délaissés »

« Si elle n’y prend pas garde, l’Europe risque de devenir l’union des territoires délaissés »



Les indicateurs régulièrement publiés par la Commission européenne et ses divers organes statistiques donnent un portrait en kaléidoscope, incomplet mais éclairant, de l’Union européenne (UE) – et surtout, des faiblesses susceptibles de miner sa cohésion. L’indice de compétitivité régionale, dévoilé le 28 mars, en est un exemple. Créé en 2010 et publié tous les trois ans, il compile une série de critères – niveau de richesse, qualité des institutions, niveau d’éducation et d’innovation – afin de mesurer la compétitivité des différents territoires.

Cependant, sans surprise, une forte opposition se dégage entre, d’une part, le nord de l’Europe et les capitales, comme la ville néerlandaise d’Utrecht et la région de Hollande-Méridionale, aux Pays-Bas, ou encore l’Ile-de-France, en tête du classement, et, d’autre part, les zones périphériques, comme l’est de la Roumanie ou le sud de l’Italie, en queue de peloton. Voilà qui confirme le constat déjà bien documenté posé par le rapport de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound), une agence de l’UE, publié le 22 mars.

Le rapport rappelle que la convergence entre les États membres, observée entre 2004 et 2019, a été tirée par le rattrapage des pays de l’Est, dans la foulée de la chute du bloc soviétique. Mais aussi que cette convergence ralentit systématiquement durant les récessions – en particulier dans le sud de l’Europe, où le rattrapage est un peu plus poussif encore après chaque crise. Enfin, « la vitesse de la convergence est systématiquement moins rapide au niveau régional qu’au niveau national, dans toutes les dimensions ». Au niveau économique comme social, les moyennes nationales masquent de grandes divergences entre les régions.

La création du marché unique, en 1993, a dopé la croissance européenne, mais elle a aussi favorisé la concentration des industries et services à haute valeur ajoutée sur la diagonale courant de la mer du Nord au nord de l’Italie, ainsi que dans les grandes métropoles. Dans le même temps, les zones les plus au sud et dans l’est de l’UE ont décroché, une tendance que les diverses politiques de cohésion ont échoué à enrayer.

Si l’on superpose ces données à celles des dernières évolutions démographiques, un défi vertigineux se dessine : les régions à la traîne sont aussi celles qui souffrent le plus de la fuite des cerveaux, du vieillissement et de l’effondrement des naissances. Si elle n’y prend pas garde, l’Europe risque de devenir l’union des territoires délaissés. L’éviter sera d’autant plus difficile que toute réponse doit également prendre en compte la délicate transition énergétique. Eurofound résume ainsi les enjeux : « La fréquence accrue des grands chocs et les profonds changements économiques et sociaux qui résulteront de la double transition vers une Europe numérique et neutre en carbone nécessitent l’adaptation des instruments politiques européens, afin de garantir qu’ils soutiennent la convergence, aux niveaux régional et national, de manière significative. »

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