in

seize ans de gouvernance chaotique

seize ans de gouvernance chaotique


Elon Musk, propriétaire de Twitter, le 28 octobre 2022.

« Sous Elon Musk, ce sera le chaos chez Twitter », titrait, vendredi 28 octobre, Wired, le magazine de référence de la tech américaine, alors que le milliardaire venait d’officialiser le rachat du réseau social après des mois de confusion et d’atermoiements.

Le constat est clair : avec ses prises de position contradictoires sur la stratégie à suivre pour l’entreprise, comme sur les règles de modération qu’il souhaite voir appliquer sur la plateforme et les licenciements qu’il a annoncés, Elon Musk ouvre une nouvelle période d’incertitudes majeures pour Twitter et ses quelque 330 millions d’utilisateurs revendiqués.

Mais le chaos n’est pas vraiment une situation nouvelle pour le réseau social, dont la courte histoire est sillonnée de crises de gouvernance, de départs fracassants, et de brusques changements stratégiques. En un peu plus de quinze ans, Facebook n’a connu qu’un seul PDG, Mark Zuckerberg ; Twitter, lui, a dû faire avec six directions différentes, et quatre présidents du conseil d’administration. Son histoire est remplie de démissions surprises, d’accords secrets, et de règlements de comptes qui ont fait de l’entreprise l’une des plus agitées de la Silicon Valley.

Dès sa création, son contrôle a été l’objet de luttes intenses. Le service naît en 2006 comme un projet annexe d’Odeo, une start-up spécialisée dans les podcasts. Rapidement, Evan Williams, l’un des cofondateurs d’Odeo, perçoit le potentiel de Twitter, rachète les parts des investisseurs, et nomme Jack Dorsey, l’ingénieur qui avait eu l’idée d’un réseau social basé sur les SMS, PDG d’une nouvelle société qui deviendra Twitter – lui-même assure la présidence du conseil d’administration. Six mois après l’envoi du premier tweet par Jack Dorsey, survient un premier règlement de compte : l’ingénieur Noah Glass, qui était chargé de l’équipe de développement, est écarté sans ménagement.

Blague prémonitoire

Mais très vite, les relations entre Jack Dorsey et Evan Williams se révèlent compliquées. Dorsey, qui n’avait jamais dirigé d’entreprise, agace ses employés par sa désinvolture ; il n’hésite pas à quitter les locaux en plein après-midi pour se rendre à son cours de yoga. Et Twitter connaît d’importantes difficultés techniques, pannes et ralentissements, alors que la firme débute sa croissance météorique (elle atteindra les 100 millions d’utilisateurs en mars 2011, cinq ans après sa création).

En 2008, c’en est trop : Evan Williams convainc les membres du conseil d’administration qu’il doit remplacer Jack Dorsey au poste de PDG. Ce dernier reçoit en compensation la présidence – symbolique – du conseil d’administration, mais n’aura plus aucun rôle exécutif. Cette « trahison », du point de vue de Jack Dorsey, laissera de profondes marques dans le fonctionnement de l’entreprise, qui reste encore en partie traversée aujourd’hui par des courants « pro-Dorsey » et « pro-Williams ».

Il vous reste 66.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verstappen s’offre une 14e victoire sur la saison, un record

Verstappen s’offre une 14e victoire sur la saison, un record

Après la courte victoire de Lula, le "camp de la démocratie" entre soulagement et inquiétude

Après la courte victoire de Lula, le « camp de la démocratie » entre soulagement et inquiétude