Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots à l’égard de TikTok. À l’occasion d’un déplacement jeudi 8 décembre à Fontaine-le-Comte, dans la Vienne, où il venait rencontrer des professionnels de la santé mentale des jeunes, le chef de l’État a donné son avis sur l’application chinoise ultrapopulaire chez les adolescents. Une discussion rapportée par nos confrères de l’AFP et relayée par plusieurs médias, dont Le Figaro.
« Il y a une vraie addiction«
TikTok serait, selon les mots d’Emmanuel Macron, le « premier perturbateur (psychologique), le réseau le plus efficace chez les enfants et les adolescents. » Une affirmation lancée sans citer la moindre source par le président. Le locataire de l’Élysée a reconnu la pertinence et l’efficacité redoutable de l’algorithme de recommandation des contenus.
« Ce réseau est d’une naïveté confondante. Ils ont 10 000 types très bien formés qui poussent des contenus. Il sait très bien ce que vous aimez [et] pousse des choses hyper bien foutues qui sont beaucoup plus innovantes que les Américains« , a-t-il lancé. Cette pertinence trop poussée des vidéos proposées aux utilisateurs conduirait, selon le chef de l’État, à de véritables problèmes de santé publique. « Derrière, il y a une vraie addiction« , explique Emmanuel Macron.
Une manipulation des contenus ?
Le président de la République dénonce également le côté sombre de la plateforme détenue par le groupe chinois ByteDance. Selon lui, certains contenus géopolitiques pourraient être promus sur l’application, tandis que d’autres seraient moins exposés. « C’est là où vous avez de la propagande russe cachée« , a-t-il affirmé, avant de lancer : « Je vous défie de trouver un contenu sur ce qu’il se passe au Xinjiang ou autre« . Cette dernière affirmation est partiellement erronée, comme le rappellent nos confrères de BFM-TV.
Sur la version de TikTok proposée à l’extérieur de la Chine, les contenus consacrés au traitement des populations ouïghoures par les autorités chinoises sont disponibles en nombre. Des vidéos expliquent même en détail la situation dans la région autonome du Xinjiang. En revanche, comme l’a démontré le youtubeur Defend Intelligence, la version de l’application proposée aux utilisateurs chinois, connue sous le nom de Douyin, ne propose aucune vidéo consacrée aux Ouïghours. La participation des autorités chinoises à cette censure des contenus est pointée du doigt par de nombreux experts.
Préoccupations grandissantes dans le monde
États-Unis, Inde, Égypte… Les critiques du président français font écho à celles formulées dans de nombreux pays autour du globe. Au pays de l’oncle Sam, l’application chinoise défraie la chronique depuis plusieurs mois. Les mesures de restriction d’utilisation de l’application se multiplient et plusieurs actions en justice viennent d’être lancées par le procureur de l’État de l’Indiana.
Ces derniers jours, c’est le directeur du FBI en personne qui s’inquiétait d’une ingérence du réseau social au niveau national. TikTok et ses recommandations sont “entre les mains d’un gouvernement qui ne partage pas nos valeurs et dont la mission est très éloignée de ce qui est dans l’intérêt des États-Unis. Cela devrait nous préoccuper”, expliquait Chris Wray.
En Europe, l’application chinoise est sous le coup de plusieurs enquêtes en raison de sa gestion des données personnelles. Après les récents propos d’Emmanuel Macron, le ciel s’assombrit encore un peu plus au-dessus de TikTok.