Vendre était devenu trop aléatoire. Après plusieurs jours d’ultimes réflexions, RTL Group a finalement décidé « de conserver sa participation majoritaire dans le Groupe M6 », a-t-il fait savoir lundi 3 octobre en fin de journée. Depuis l’échec de la fusion avec TF1, entériné le 16 septembre, la possibilité d’essuyer une nouvelle déception faisait partie des hypothèses plausibles. « RTL Group considère que les risques et incertitudes juridiques sont trop élevés en raison des processus d’approbation requis de la part des autorités antitrust et des autorités des médias, et du calendrier du prochain renouvellement de la licence de la chaîne principale M6 », indique le communiqué publié en début de soirée. Cette annonce met un terme au processus de vente des 48,3 % que RTL Group possède dans M6 Group (les chaînes de télévision M6, W9, 6ter, Gulli et Paris Première, mais aussi les radios RTL, RTL2 et Fun Radio) enclenché en janvier 2021.
Les signaux étaient passés au rouge vif dès le début de la semaine dernière. Le premier, le président de l’Autorité de la concurrence Benoît Cœuré avait émis de sérieuses réserves à la réussite du projet, mardi 27 septembre. « Si l’opération n’est pas notifiée avant fin octobre, ça va être très difficile, avait-il déclaré devant les sénateurs qui l’auditionnaient. Je ne dis pas que ce n’est pas tenable, mais c’est très tendu. » De la part de celui qui n’aurait pas autorisé la fusion M6-TF1 sans la cession de l’une des deux chaînes, l’avertissement valait information pour les équipes déjà échaudées de M6.
Le lendemain, c’est Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom (ex-CSA), qui insistait sur l’urgence de la situation. « Le processus d’appels à candidature fixe un compte à rebours qui rend les choses extrêmement contraignantes, plus que serrées », détaillait-il devant la même assemblée. Le 3 mai 2023 en effet, l’autorisation de diffusion de M6 expirera, et celui qui obtiendra sa reconduction ne pourra pas en modifier l’actionnariat pendant cinq ans. « Nous ne pouvons statuer sur un changement de contrôle de la chaîne M6 qu’après que les autorités de la concurrence nationale ou bruxelloise ont statué, donc il faudrait que ces procédures s’emboîtent », ajoutait-il, peu encourageant quant au respect des délais.
Sévère désillusion
Thomas Rabe, le PDG de RTL Group, et Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6, ont examiné toutes les options à leur disposition jusque pendant le week-end passé. Mais rien n’y faisait : mieux valait renoncer à vendre, plutôt que risquer de voir une transaction stoppée net dans les prochains mois.
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