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Pourquoi le marché mondial des puces électroniques se grippe malgré des investissements massifs

Pourquoi le marché mondial des puces électroniques se grippe malgré des investissements massifs


L’électronique mondiale serait-elle en train de basculer de la pénurie au trop-plein ? A peine l’encre de la signature de Joe Biden avait-elle séché pour ratifier, le 9 août, la loi américaine appelée « Chips and Science Act », prévoyant d’injecter 52 milliards de dollars (52 milliards d’euros) pour relancer la production de puces électroniques aux Etats-Unis, que les mauvaises nouvelles se sont accumulées.

L’américain Intel, numéro un mondial des microprocesseurs, a perdu un demi-milliard de dollars au second trimestre 2022. Nvidia, leader mondial des processeurs graphiques, a alerté sur la baisse de son carnet de commandes. Leurs compatriotes Micron Technology (troisième fabricant mondial de puces mémoires) et Advanced Micro Devices (AMD) tirent aussi la langue. Les cours de Bourse des fabricants de puces américains suivent la même voie depuis début 2022 : – 45 % pour Intel et – 56 % pour Nvidia. Le géant taïwanais Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), numéro un mondial des fabricants de puces en sous-traitance, a revu à la baisse les investissements dans ses usines. Les sud-coréens Samsung Electronics et SK Hynix – champions mondiaux des puces mémoires – sont aussi à la peine. Les constructeurs automobiles manquent encore de puces alors que le marché est déjà en train de se retourner.

Que se passe-t-il ? La pénurie actuelle avait été provoquée par la confrontation entre une très forte reprise en 2021 et la désorganisation de la très longue chaîne logistique des composants électroniques. Et lorsque les puces s’enrhument, elles qui sont indispensables à nos smartphones, à l’Internet, à nos voitures ou à nos machines industrielles, c’est toute l’économie mondiale qui tousse. Le secteur automobile, par exemple, a dû freiner ou stopper la production de ses usines de véhicules.

La fin d’un cycle haussier

Devant ce boom, la filière électronique claironnait sur ses perspectives de croissance. La Commission européenne, qui présentait en février son Chips Act doté de 43 milliards d’euros de subvention, n’avait aucun doute : « Avec la transition numérique, la demande de semi-conducteurs va doubler d’ici à 2030 », assurait le commissaire Thierry Breton, fin 2021. Un argument supplémentaire pour relocaliser une industrie largement située en Asie et prisonnière de la guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine. L’heure de la souveraineté numérique était venue.

D’autant que l’industrie automobile, si chère au cœur de la France et de l’Allemagne, est la première victime du chaos actuel. Renault explique que « la situation d’approvisionnement en semi-conducteurs a provoqué une perte de production estimée à 300 000 véhicules, concentrée notamment sur le premier semestre ». Ses usines en France (Sandouville, en Seine-Maritime, Douai, dans le Nord, Flins, dans les Yvelines…) ont rouvert à la rentrée. Mais jusqu’à quand ? La marque au losange tient une « réunion de gestion de crise quotidienne » sur ses approvisionnements.

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