in

Pourquoi le dépouillement est-il si long aux États-Unis ?

Pourquoi le dépouillement est-il si long aux États-Unis ?


Les Américains ont voté mardi, mais, plusieurs jours après le scrutin, la future majorité au Congrès se joue sur quelques élections clés, dont les résultats se font attendre. 

• À lire aussi: Les États-Unis toujours dans l’attente des résultats des élections, l’attention se tourne déjà vers 2024

• À lire aussi: Élections de mi-mandat: «un bon jour pour la démocratie», se réjouit Biden

Une situation récurrente aux États-Unis. Bien loin de la traditionnelle annonce française à 20 h tapantes, l’attente des résultats traîne souvent en longueur.

Ceux annoncés le soir même sont d’ailleurs des estimations des médias, qui les concoctent à l’aide d’experts en statistique.

Le pays avait été marqué par le duel présidentiel de 2000, dont l’issue n’avait été connue qu’après 36 jours.

Au terme d’une course ultra-serrée en Floride face à George W. Bush, Al Gore avait demandé un comptage manuel, le début d’une bataille finalement tranchée par la Cour suprême en décembre.

Au cœur de la polémique se trouvaient des machines souvent anciennes, utilisées pour lire des fiches perforées, dont les trous avaient parfois été mal percés.

Sans aller jusqu’à un tel imbroglio, l’histoire tend à se répéter. En 2020, les résultats de l’élection présidentielle entre Joe Biden et Donald Trump n’avaient été connus qu’après quatre jours.

La Géorgie, cas particulier

La même année, l’attente pour savoir quel parti obtiendrait la majorité au Sénat avait duré des semaines, à cause d’un deuxième tour en Géorgie.

Comme un air de déjà vu ? Cette année aussi, la maîtrise de la chambre haute risque de se jouer dans le même État, devenu un point brûlant de la carte électorale américaine, lors d’un nouveau tour organisé le 6 décembre, aucun des trois candidats n’ayant atteint la barre nécessaire des 50 %.

Les origines de ce système sont d’ailleurs controversées.

L’élu qui, dans les années 1960, avait proposé que l’État l’adopte, le voyait comme une façon de «contourner la force politique croissante des personnes noires», selon un rapport du ministère de l’Intérieur.

Le procédé était répandu dans les États du sud ségrégationniste. Certains l’utilisent encore pour leurs primaires, mais seules la Géorgie et la Louisiane l’emploient pour leurs élections.

Ironie pour cet héritage d’un passé raciste, les deux candidats cette année en Géorgie — Raphael Warnock et Herschel Walker — sont afro-américains.

Patchwork de règles

C’est l’un des points qui rendent ces scrutins si complexes : chacun des 50 États dispose de ses propres règles.

«Si la Floride peut compter 7,5 millions de bulletins en 5 heures, comment est-il possible que certains États mettent des jours à en compter 2 millions ?», s’est agacé sur Twitter le sénateur républicain Marco Rubio.

Aux États-Unis, terre de zones ultra-urbaines comme de régions extrêmement rurales, chaque État peut adapter la façon dont sa population exprime sa voix.

Certains Américains votent sur des machines, d’autres avec des bulletins papier. Certains votent sur place, d’autres à distance, des semaines à l’avance, ou le jour du scrutin.

Le vote par correspondance, généralisé depuis la présidentielle de 2020, organisée en pleine pandémie, complique les choses.

Les bulletins américains sont déjà longs à dépouiller : les citoyens répondent à une multitude de questions, pour élire représentants, procureurs ou participer à des référendums.

Mais les votes exprimés par correspondance le sont encore plus, car ils nécessitent une préparation, et peuvent arriver plusieurs jours après celui de l’élection. L’Ohio et l’Alaska comptent même ceux arrivés jusqu’à dix jours plus tard.

Dans de nombreux États, les agents électoraux n’ont de toute façon pas le droit de commencer à les compter à l’avance.

Le temps additionnel nécessaire pour les prendre en compte alimente régulièrement les théories du complot, comme ce fut le cas en 2020.

Ces voix, qui ont tendance à pencher démocrate, peuvent faire basculer un siège si les candidats sont proches.

Pépins et imprévus

Organiser des élections dans un immense pays aux quelque 333 millions d’habitants est, on peut l’imaginer, un défi logistique.

Le processus se fait rarement sans quelques couacs. En Arizona, les machines électorales d’un comté ont ainsi rencontré des problèmes de fonctionnement qui ont perturbé le vote mardi.

Certains républicains y ont vu une preuve de fraude, une affirmation immédiatement rejetée par les autorités.

Même sans incident technique, les courses peuvent tout simplement être extrêmement serrées — comme George W. Bush et Al Gore en avaient fait l’expérience.

Et en cas de doute, le recomptage s’impose.

Une vingtaine d’États ont des lois l’ordonnant automatiquement si la marge entre deux candidats est trop faible.

En 2008, une élection pour un siège de sénateur dans le Minnesota avait donné lieu à une bataille légale épique. Les résultats avaient été connus… huit mois après le scrutin.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

de Riyad à Pékin, itinéraire d’un patron sous influence ?

de Riyad à Pékin, itinéraire d’un patron sous influence ?

le détenu Alaa Abdel-Fattah empêché de voir son avocat, l'inquiétude s'accentue

le détenu Alaa Abdel-Fattah empêché de voir son avocat, l’inquiétude s’accentue