La Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre depuis 2005, contribuant ainsi largement au réchauffement climatique. Cependant, le pays s’est engagé à atteindre la neutralité climatique en 2060, ce qui en fait un acteur clé dans la réussite des objectifs climatiques mondiaux. Néanmoins, l’installation simultanée par la Chine de centrales à charbon et d’énergies renouvelables soulève des questions sur la crédibilité de ses engagements ainsi que sur le rôle qu’elle jouera dans la lutte contre le changement climatique.
Stéphanie Monjon, enseignante-chercheuse en économie à l’université Paris Dauphine et spécialiste des politiques climatiques, a coordonné le numéro de la revue Green sur la politique écologique chinoise et a coécrit « La transition écologique en Chine, mirage ou « virage vert » » avec Sandra Poncet. Dans l’épisode du podcast « Chaleur humaine », elle apporte son expertise sur la position de la Chine en matière de climat.
La Chine est-elle en train de devenir un leader en matière de climat, comme le disent certains diplomates ? Les engagements pris par le régime chinois sont-ils crédibles? La Chine est-elle un danger pour les objectifs climatiques mondiaux?
La chercheuse note que la Chine a réalisé des progrès significatifs dans le domaine des énergies renouvelables, obtenant ainsi une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, elle souligne également que les politiques publiques en matière de charbon, de transport ou d’urbanisme introduisent des tensions avec la politique énergétique renouvelable, une contradiction majeure. La Chine continue de financer des centrales à charbon à l’étranger, ce qui contribue à l’augmentation des émissions dans le monde et à la fragilité des écosystèmes locaux. Cela montre un manque de cohérence dans la stratégie climatique du pays.
La chercheuse et ses co-auteurs ont souligné dans leur ouvrage « La transition écologique en Chine, mirage ou « virage vert » » que les engagements de la Chine en matière climatique étaient «récents, ambitieux mais peut-être insuffisants». Le pays a augmenté la part de l’énergie renouvelable dans son mix énergétique, mais elle reste néanmoins faible. Pour atteindre la neutralité climatique en 2060, elle doit augmenter la part de l’énergie renouvelable pour atteindre 70% d’ici 2060 et il est impératif de convaincre les gouvernements locaux d’abandonner le charbon.
Les politiques climatiques de la Chine sont de plus en plus prises au sérieux sur la scène internationale. Il est important que les États ainsi que les secteurs financiers, industriels et écologiques collaborent ensemble pour mettre en place des politiques innovantes pour une transition énergétique durable. Les enjeux climatiques ne se limitent pas aux frontières de chaque État et tous ont leur rôle à jouer pour la réussite des objectifs climatiques mondiaux.
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