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« Maxi Edmond de Rothschild », un monstre des mers optimisé pour la performance

« Maxi Edmond de Rothschild », un monstre des mers optimisé pour la performance


Charles Caudrelier, à bord du « Maxi Edmond de Rotschild », en mai 2022.

Tout est calme au port de Lorient. En cet après-midi ensoleillé de début août, des touristes flânent le long des pontons autour de la Cité de la voile. En apparence, rien ne laisse encore présager que, dimanche 6 novembre, de nombreuses équipes de course au large basées dans le port morbihannais prendront le départ de la Route du rhum. Quelque 138 skippeurs participent à la course transatlantique en solitaire depuis Saint-Malo à destination de La Guadeloupe. Pourtant, ici ou là, dans les hangars, les techniciens s’affairent sur les bateaux.

C’est là, en face de l’ancienne base de sous-marins de Keroman, que les techniciens de l’équipe Gitana préparent Maxi Edmond de Rothschild à une sortie en mer. David Boileau, le responsable du bateau, veille à ce que le multicoque de 32 mètres de long soit prêt à naviguer. Trois embarcations semi-rigides aident le maxi-trimaran à quitter le ponton et sortir du port. A son bord, Charles Caudrelier, le skippeur, Morgan Lagravière, son remplaçant, et David Boileau pour un court aller-retour entre la côte et l’île de Groix.

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A 48 ans, Charles Caudrelier prend le départ de sa toute première Route du rhum. Plus connu pour ses victoires en équipage ou en double, le Finistérien a notamment remporté deux Volvo Ocean Race – un tour du monde en équipage –, dont un en tant que skippeur, et trois Transat Jacques-Vabre. Mais c’est dans l’exercice en solitaire qu’il s’est toujours senti le plus à l’aise. « La Route du rhum est le but de sa vie, confie au Monde Morgan Lagravière. Il y va pour gagner. J’admire sa capacité à s’investir, il est incroyable, il n’arrête jamais. »

Charles Caudrelier se dit serein avant le grand départ. « J’ai eu le temps de me préparer. Avoir une vision au long terme, savoir où je serai trois ans après, ça ne m’était jamais arrivé. C’est parfait. » Le marin a axé sa préparation sur le mental, un point-clé, selon lui, pour la navigation en classe Ultime, qui rassemble les multicoques de plus de 30 mètres. Il a rencontré l’apnéiste Arnaud Jerald pour optimiser, grâce à un travail sur la respiration, sa récupération et rester calme en toutes circonstances. « On me donne accès à tout ce dont j’ai besoin pour réussir et j’en profite », se réjouit le navigateur.

« S’adapter aux aléas »

Charles Caudrelier, lors d’une sortie en mer au large de Lorient, le 30 août 2022.

Après quelques manœuvres, Maxi Edmond de Rothschild quitte le port. La légère brise s’engouffre dans les voiles, le maxi-trimaran navigue à 20 nœuds (environ 37 km/h). Pas assez vite pour abaisser les foils, ces appendices sur la coque qui permettent au bateau de voler. A défaut de travailler sur un nouveau foil posé et testé la veille, Charles Caudrelier et David Boileau discutent au pied du mât des moyens d’améliorer l’aérodynamisme de la grand-voile. « Il faut être efficace, malin et s’adapter aux aléas, explique Charles Caudrelier. C’est comme un hélicoptère. Il y a beaucoup d’heures de maintenance et d’optimisation pour une heure de vol. Il faut trouver le bon compromis entre naviguer et mettre au point le bateau. »

Depuis sa nomination en tant que coskippeur du Maxi Edmond de Rothschild, en 2019, aux côtés de Franck Cammas, le duo a presque remporté toutes les courses sur lesquelles il était engagé en équipage ou en double. « J’ai la chance d’avoir un bateau très bien né que je connais sur le bout des doigts. Il a beaucoup progressé », analyse Charles Caudrelier. Et le marin sait que la victoire se jouera sur des détails : « La différence entre les meilleures équipes est technologique, il faut donc le meilleur bateau. »

Pour optimiser le maxi-trimaran, Charles Caudrelier peut toujours compter sur Franck Cammas qui, bien que remplaçant de Jérémie Beyou sur Charal 2 au départ de cette 12édition du Rhum, est resté comme consultant pour l’équipe Gitana. Ils s’appellent quasiment quotidiennement pour parler du projet. « Techniquement, il n’y a pas une personne capable de développer un bateau comme lui », confie Charles Caudrelier.

Franck Cammas s’est éloigné quelque peu de l’équipe Gitana pour se consacrer à la Coupe de l’America. Un atout pour l’équipe, car les multicoques de la Coupe de l’America ont été les premiers à « voler ». « Et si Maxi Edmond de Rothschild est un si bon bateau, c’est que son architecte, Guillaume Verdier, travaille depuis dix ans sur la Coupe. On a un coup d’avance grâce à cela. »

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