Problèmes de salubrité, animaux retrouvés morts, excréments sur le plancher, ventilation déficiente…
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Tels sont les constats des inspecteurs du MAPAQ qui se sont rendus plusieurs fois à partir de 2017 à la fourrière de Jacqueline Bardou, à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, dans Lanaudière.
En tout, Bardou a reçu au moins 13 constats d’infraction au pénal depuis 2017, dont au moins 10 qui se sont soldés par une condamnation. Elle ne peut maintenant pas avoir plus de cinq animaux sous sa garde.
Ce qui veut dire que malgré toutes ces visites du MAPAQ et les condamnations, Mme Bardou a pu poursuivre ses activités.
Ses entreprises ont porté le nom de Chenil Jacqueline Bardou, SPCA Matavinie et Chienchien.com.
«Dès l’entrée dans le chenil, forte odeur d’ammoniaque. Je ressens une irritation au niveau de ma gorge. Grande accumulation d’excréments dans le dalot en avant des portes d’enclos. Accumulation d’excréments dans certains enclos. Ces excréments non ramassés accentuent la forte odeur d’ammoniaque présente dans le chenil», constate Tanya Bissonnette-Gauthier, inspectrice du MAPAQ, dans son rapport d’infraction datant de février 2021.
Les conditions dans lesquelles vivaient les animaux sont similaires dans la quinzaine de rapports que nous avons consultés.
Par exemple, dans un document daté de 2019, l’inspecteur constate qu’un chat décédé a été trouvé dans un enclos.
PAS DE MAUVAISES INTENTIONS
«J’avais installé une dizaine de chatons destinés à un refuge dans un parc de quarantaine, avec plusieurs bols pleins d’eau et de nourriture. J’avais oublié de mentionner [que des chatons s’y trouvaient] à la personne qui m’aide au refuge», explique Mme Bardou en entrevue avec notre Bureau d’enquête.
Un autre rapport, cette fois de 2018, montre un cheval qui, dans son petit espace, doit marcher dans ses propres excréments pour manger. On y lit aussi qu’«aucun des oiseaux gardés dans les parcs extérieurs n’a accès à un abri avec une source de chaleur».
Les rapports montrent aussi des espaces non conformes où se trouvaient des chats, des chiens et des lapins.
«Si je vous envoyais les photos de certains chiens que j’ai recueillis, vous verriez qu’il y a bien du monde cruel qui mériterait des amendes pour les avoir abandonnés. Moi, je ne fais que les prendre dans l’état qu’ils sont et faire de mon mieux», soutient Mme Bardou.
La dame dans la soixantaine reconnaît que certains constats d’infraction qui lui ont été donnés étaient justifiés. Mais elle souligne avoir voué sa vie à la cause des animaux et n’avoir cessé depuis 35 ans d’améliorer ses installations.
«J’ai toujours été inspectée par la SPCA, Anima-Québec, les municipalités, le MAPAQ et par quiconque venait chercher son animal à la fourrière. Si un animal avait été maltraité ou en danger, j’imagine qu’il aurait été pris en charge, non?» demande-t-elle le lendemain dans un courriel.