La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola (Parti populaire européen, PPE), a publié le 11 septembre dans Le Monde une tribune dans laquelle elle appelait à « moderniser » le budget de l’Union européenne (UE), juste avant le discours de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur l’état de l’Union européenne du 14 septembre. Elle a doublement raison, sur le constat et sur le moment. Mais sur les solutions, ce qu’elle propose n’est pas à la hauteur. Car ce n’est pas simplement en misant sur plus de « flexibilité » du budget que l’UE sera en mesure de répondre aux enjeux des temps qui viennent.
Le problème du budget européen est que son volume est insuffisant, que ses orientations et son exécution ne sont pas assez ambitieuses en matière écologique et sociale, et que l’UE n’est pas maîtresse des recettes qui alimentent ce budget.
Membre de la commission parlementaire des budgets depuis mon élection au Parlement européen en 2019, j’ai été frappé par l’inadéquation entre le budget européen et le poids économique de l’UE. L’Union européenne est un nain budgétaire. Le budget de l’UE représente péniblement 1 % des richesses produites dans l’Union. A titre de comparaison, certes imparfaite, le budget fédéral des Etats-Unis représente 25 % du produit intérieur brut (PIB) américain.
L’autre handicap de notre budget est donc que l’UE n’est pas maîtresse de ses recettes. Seuls 25 % du budget européen sont financés par des recettes fiscales européennes, appelées « ressources propres », les 75 % restants proviennent de dotations des Etats.
Le budget de l’Union représente 1 % des richesses produites dans l’UE, tandis que le budget fédéral des Etats-Unis représente 25 % du produit intérieur brut (PIB) américain
Si vous ajoutez à cela que 40 % de notre budget actuel sont destinés à financer une conception industrielle et chimique de l’agriculture, qui non seulement pénalise les agriculteurs et agricultrices, mais dégrade profondément l’environnement, on mesure à quel point le budget européen est aujourd’hui inapte à répondre aux besoins que nécessite la transformation écologique de notre modèle économique et social.
D’ailleurs, la Cour des comptes européenne a récemment révélé que les dépenses vertes prévues pour le précédent cadre financier pluriannuel 2014-2020 avaient été amputées dans les faits de plus de 72 milliards d’euros à cause, principalement, de dépenses dans le domaine agricole qui se sont révélées être faussement écologiques.
Chacune et chacun le mesure, nous sommes dans un moment décisif. La présente situation ne consiste pas seulement à répondre à des problèmes conjoncturels et passagers, mais à une crise systémique du modèle actuel dit « de développement ». La promesse originelle de « paix et de prospérité » qui a guidé la construction européenne, déjà menacée par une dérive libérale et technocratique, l’est désormais également par la crise écologique et ses conséquences sociales, économiques, sanitaires, géopolitiques et démocratiques.
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