Les mécanismes de paiement entre la Russie et l’Inde tournent au casse-tête. Dès le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, les deux alliés historiques se sont empressés de trouver des solutions de remplacement au paiement en dollars afin de poursuivre leurs échanges commerciaux, en dépit des sanctions occidentales et de l’exclusion des institutions financières russes du réseau interbancaire mondial Swift.
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Guerre en Ukraine : « La déconnexion des banques russes de Swift n’est peut-être pas aussi efficace qu’on le dit »
Le Kremlin a initialement encouragé New Delhi à échanger en devises nationales, et, en juillet 2022, la banque centrale indienne a donné son accord à la création d’une dizaine de comptes dits « vostro ». Détenus par des établissements indiens pour le compte de banques étrangères, ils permettent d’effectuer des échanges internationaux en roupies.
Depuis, cependant, la Russie a accumulé, dans des banques indiennes, des milliards de roupies dont elle ne sait que faire. « C’est un problème », a reconnu le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, en marge d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghaï, à Goa, vendredi 5 mai. « Nous avons besoin de cet argent. Mais pour cela, ces roupies doivent d’abord être échangées dans une autre monnaie, et c’est ce dont nous discutons aujourd’hui », a-t-il fait valoir.
Craintes de sanctions
En raison du déséquilibre grandissant de la balance commerciale entre les deux pays, Moscou craint de se retrouver avec un surplus annuel de roupies équivalant à quelque 40 milliards de dollars (36,3 milliards d’euros), selon Reuters. Les exportations indiennes vers la Russie ont chuté de 11 % au cours des onze premiers mois de l’année budgétaire 2022-2023 et ne s’élèvent qu’à 2,8 milliards de dollars, alors que les importations ont quasiment été multipliées par cinq, atteignant 41,5 milliards de dollars.
Avant la guerre en Ukraine, l’excédent de la balance commerciale en faveur de la Russie était négligeable, mais les importations de biens russes ont depuis été dopées par l’explosion des achats de pétrole à bas prix par les raffineurs indiens. La Russie est devenue le premier fournisseur de l’Inde, devant l’Irak, alors que le pétrole russe représentait moins de 1 % des importations de brut en février 2022.
« Les Russes n’achètent que pour quelque 2 milliards de dollars de biens indiens par an : que peuvent-ils faire du reste de leurs roupies ? Ils ne peuvent pas dépenser beaucoup plus dans le sous-continent », explique Nandan Unnikrishnan, chercheur à l’Observer Research Foundation, un groupe de réflexion sis à New Delhi. « Les banques indiennes sont, quant à elles, réticentes à l’idée de convertir ces roupies, car elles craignent des sanctions », poursuit ce spécialiste du commerce international.
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Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie et l’Inde ont cherché des solutions de remplacement pour s’affranchir du paiement en dollars, malgré les sanctions occidentales et l’exclusion des institutions financières russes du réseau interbancaire mondial Swift. Le Kremlin avait encouragé l’Inde à é