VIOLENCES ÉCONOMIQUES DANS LE COUPLE : UN « INDICATEUR DE DANGÉROSITÉ » POUR LES FEMMES
Les violences économiques dans le couple restent un problème persistant en France malgré les avancées de la loi Rixain de 2021. Ces violences, qui comprennent des formes telles que le vol du salaire, l’interdiction de travailler, ou la répartition inégale des dépenses, sont moins souvent repérées mais constituent un « indicateur de dangerosité » selon Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF). Selon cette organisation, 26 % des femmes ont déclaré avoir subi des violences économiques en 2022, en hausse d’un point par rapport à l’année précédente. Ces violences ont un impact préoccupant sur la précarisation des femmes, affectant leur capacité à subvenir à leurs besoins essentiels et à quitter leur agresseur. Une enquête réalisée par l’IFOP pour la newsletter féministe « Les Glorieuses » a révélé que 16 % des femmes avaient été confrontées à des violences économiques au sein de leur couple. Ce phénomène peut avoir lieu au sein du foyer ou perdurer après la séparation, empêchant les femmes de reconstruire leur vie.
IMPORTANCE DE LA DÉTECTION DES VIOLENCES ÉCONOMIQUES
Malgré la prévalence des violences économiques, leur détection demeure un défi majeur. Françoise Brié souligne qu’il est crucial de repérer ces formes de violence car elles peuvent être concomitantes avec les violences physiques, ou servir de signes précurseurs à ne pas négliger. Pour lutter contre ce phénomène, des organisations telles que Solidarité Femmes ont mis en place des outils tels qu’un test en ligne et un baromètre spécial pour sensibiliser les femmes aux violences économiques et les aider à identifier les signaux d’alerte. Il est également important de sensibiliser les établissements bancaires à mieux définir les violences économiques et à être vigilants face à ces situations.
NÉCESSITÉ D’UNE AUGMENTATION DU SALAIRE DES FEMMES
La question de l’inégalité salariale entre les sexes est également cruciale dans la lutte contre les violences économiques. Les femmes ont deux fois plus de chances d’être victimes de violences économiques conjugales si elles gagnent moins que leur conjoint. Malgré des avancées législatives telles que la loi Rixain de 2021, qui vise à assurer une répartition équitable des revenus au sein du couple, l’écart de salaire entre les sexes demeure à 15,4 % en France. Héloïse Bolle, auteure de l’ouvrage « Aux thunes citoyennes ! », souligne que l’organisation financière au sein du foyer peut également constituer une forme de violence économique, contribuant à l’appauvrissement des femmes et les empêchant d’épargner. Une augmentation du salaire des femmes pourrait contribuer à résoudre ce problème et à réduire leur vulnérabilité aux violences économiques.
AIDES ET ACCOMPAGNEMENT DES FEMMES VICTIMES
Face à cette réalité préoccupante, des mesures sont mises en place pour soutenir les femmes victimes de violences économiques. La loi Rixain de 2021 a rendu obligatoire aux entreprises de verser le salaire uniquement sur un compte en banque dont le salarié est le détenteur ou le codétenteur, afin de prévenir la confiscation des ressources du foyer. De plus, l’entrée en vigueur d’une aide financière d’urgence prévoyant un soutien financier de 250 € à plus de 1 300 € par mois, en fonction des revenus et de la situation familiale, pour les femmes victimes de violences conjugales permet un soutien immédiat. Cependant, les associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violences conjugales sont souvent en manque de moyens, alors même qu’elles sont confrontées à une hausse de 15 % de ces violences en un an.
AUGMENTATION DE LA SOLICITATION DES ASSOCIATIONS
Les associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violences conjugales sont confrontées à une augmentation de la demande d’accompagnement. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, souligne la nécessité d’être bien plus efficace dans l’accompagnement et la protection des victimes, tout en alertant sur le fait que certaines associations sont à bout de souffle et en faillite, faute de soutien financier adéquat.
Pour soutenir les associations et les femmes victimes de violences économiques, il est impératif d’investir davantage de moyens pour leur permettre d’assurer l’accompagnement vers l’autonomie financière et de répondre à la demande croissante. Des mesures telles que la détection précoce des violences économiques, l’augmentation du salaire des femmes et le renforcement des moyens des associations sont indispensables pour lutter contre ce fléau.
Références:
– Solidarité Femmes
– Fédération nationale solidarité femmes (FNSF)
– IFOP
– « Les Glorieuses »
Claire Magazine Femmes – Novembre 2023
Solidarité Femmes – Rapport annuel 2023