La galère n’en fini pas pour les automobilistes : samedi la CGT annonce la reconduction de la grève sur les cinq raffineries de Total Energies. Une grève qui est d’ores et déjà prolongée jusqu’à mardi et mercredi sur le site de Normandie et de Donges, en Loire Atlantique. Un secteur est quant à lui très impacté : celui du transport routier. Bus, engins de chantier et autres poids lourd font eux aussi face à cette pénurie d’essence, alors que l’inflation depuis le début d’année les a déjà fragilisés.
« Le secteur en ce moment, face à la crise que nous vivons en termes de l’approvisionnement de carburant, ne se porte pas très bien. On est sur le fil du rasoir », déplore Alexis Gibergues, président de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE). « Chaque jour, un jour d’inquiétude, d’angoisse, où les anticipations sont réellement difficiles puisque nous n’avons aucune visibilité sur l’évolution probable de la situation dans les prochains jours. »
« C’est un problème d’approche »
Si sans essence, les transporteurs routiers ne peuvent plus travailler, certains d’entre eux rentrent dans les listes prioritaires publiées par les préfectures. « Théoriquement pour certaines de nos activités, les transporteurs routiers ont des accès privilégiés. Je pense aux ambulanciers, je pense au transport scolaire, on a aussi les transports de fonds », énumère le président de l’OTRE.
Pourtant, selon Alexis Gibergues, les accès prioritaires ne sont pas applicables. « Le problème est très concret, c’est un problème d’approche. Comment est-ce qu’on peut réellement, quand vous avez des files d’attente qui génèrent des problèmes d’accès, des difficultés de voirie, des dangers potentiels et puis des tensions très fortes, mettre en œuvre de façon concrète toutes ces priorités théoriques ? »
« Il y a un coût »
Pour faire face à la situation, les transporteurs routiers ont notamment demandé à avoir recours au chômage partiel. « C’est une de nos toutes premières demandes quand nous nous sommes aperçus que la situation s’envenimait, s’enlisait. […] Il est probable qu’un grand nombre d’entreprises, si la situation perdure, doivent faire recours à ce dispositif. » Alexis Gibergues note deux raisons pour lesquelles le dispositif pourrait être enclenché : « D’abord parce que la situation ne s’améliore pas vraiment, en tout cas pas franchement. Et deuxièmement, que si jamais la situation s’améliorait, il y a un effet d’inertie et un temps de latence pour que tout revienne à la normale. »
Concrètement aujourd’hui, la pénurie a surtout un impact évident sur les livraisons. « Dans le fonctionnement de nos entreprises, il y a un coût », souligne le président. « Ne serait-ce que le coût pour mobiliser des gens pour aller chercher du carburant. » Des conséquences pas seulement financière, mais aussi psychologiques. « Le coût aussi de l’énorme stress que vivent nos chauffeurs, nos salariés eux mêmes qui ont du mal à arriver le matin pour venir conduire nos véhicules.
Le secteur en paye lourdement le prix. « Je dirais qu’il y a aussi le coût de certains donneurs d’ordre, certains clients qui effectivement appliquent très injustement des pénalités sur des retards de livraison, puisqu’il y en a bien sûr. C’est la conséquence directe de ces difficultés. »