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Les pires lacs du Québec: le gouvernement joue à l’autruche, selon un chercheur

Les pires lacs du Québec: le gouvernement joue à l’autruche, selon un chercheur


Le gouvernement veut-il vraiment savoir combien de lacs sont touchés par les algues bleu-vert? Des experts en doutent.  

Le fait que Québec ait abandonné les suivis du nombre de plans d’eau touchés laisse les citoyens dans le noir, déplore Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal. 

«Les riverains sont laissés à eux-mêmes pour juger s’ils devraient se baigner ou pas, si c’est potentiellement toxique ou pas», illustre-t-il. 


Sébastien Sauvé, chercheur à l’Université de Montréal, croit que l’absence de suivi sur les cyanobactéries est un choix politique.

Photo Courtoisie, Amélie Philibert

Sébastien Sauvé, chercheur à l’Université de Montréal, croit que l’absence de suivi sur les cyanobactéries est un choix politique.

«Ce n’est pas normal qu’on ne suive pas ça plus que ça, croit Mélanie Deslongchamps, directrice générale de l’organisme AGIRO. En 2007, c’était la catastrophe et tout d’un coup, ce n’est plus grave. » 

«Il n’y a pas beaucoup de données par le gouvernement du Québec, mais c’est plus une posture politique qu’un reflet de la situation sur le terrain», va même jusqu’à dire M. Sauvé. 

Depuis que nous publions ce dossier, nous avons constaté que la mauvaise santé des lacs est un sujet qui dérange pour des raisons économiques. 

«ll y a des endroits où ils ne veulent pas entendre parler de cyanobactéries ou que ça sorte publiquement parce qu’il y a des grosses maisons autour du lac», explique Mme Deslongchamps. 

SOUS LE TAPIS

«Quand le gouvernement s’est mis à beaucoup en parler, les gens ont pris un peu la panique pour le développement économique de certaines régions. Je pense que c’est une des raisons pourquoi ils ont voulu mettre le sujet sous le tapis», dit-elle. 

M. Sauvé ajoute que la détection de cyanobactéries avec d’importants niveaux de toxines entraîne de nombreux enjeux de santé publique (avis de non-consommation, baignade interdite, etc.). 

«Ça met une pression politique énorme», explique-t-il. Les riverains vont demander des comptes et si la cause est agricole, ça implique qu’il faut appliquer les règle- ments, envoyer des inspecteurs ou même adopter des règles plus strictes… ça représente un fardeau pour le gouvernement», illustre-t-il. 

Notre Bureau d’enquête publie un dossier sur la qualité des lacs depuis 4 ans et pendant cette période, nous n’avons pu trouver aucun expert pour justifier l’absence de suivi du gouvernement quant au nombre de lacs touchés par les cyanobactéries.

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