Comme annoncé la veille, à 9 heures du matin, heure de San Francisco – 17 heures, heure de Paris – de nombreux salariés de Twitter ont été informés par e-mail de leur licenciement, vendredi 4 novembre. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué, mais le nombre de postes supprimés oscillerait entre 2 000 et 3 700, pour 7 500 salariés, selon les estimations parues dans la presse américaine. Un document interne transmis aux employés remerciés et consulté par l’Agence France-Presse (AFP) affirme, lui, qu’« environ 50 % du personnel va être affecté ».
Entre choc et nostalgie, les réactions de salariés ont afflué… sur Twitter. « J’ai le cœur brisé mais ça a été une aventure extraordinaire », dit une licenciée de Miami. « Je suis heureux d’avoir vécu l’âge d’or de la compassion, de la gentillesse », rapporte un collègue de San Francisco. En Inde, toute l’équipe de marketing et de communication aurait été licenciée, selon la télévision NDTV. Même parmi les salariés qui « n’ont pas été remerciés », l’un confie avoir « envie de vomir ».
Ce « bain de sang » est le point d’orgue de plusieurs mois de prise de contrôle du réseau social par le fondateur de Tesla et SpaceX, raconte Manu Cornet, un Français qui était ingénieur logiciel et croquait aussi la vie de l’entreprise dans des dessins. « De prime abord, Elon Musk a l’air d’être un entrepreneur plutôt cool et admirable, qui fait des voitures électriques et des fusées. Comme caricaturiste, j’aime sa capacité à ne pas se prendre au sérieux. Mais au fil des mois, la perspective de son arrivée dans l’entreprise s’est mise à sentir de plus en plus mauvais », explique cet ancien de Google, citant la bienveillance d’Elon Musk pour l’ex-président Donald Trump et les républicains, ou ses annonces erratiques sur Twitter, faisant vivre aux employés des « montagnes russes » émotionnelles.
M. Cornet a été licencié le 1er novembre et a vu son accès à son ordinateur coupé en moins d’une heure, pour avoir « violé plusieurs points de règlement ». Il avait publié un petit code pour permettre aux salariés de télécharger des messages de tchats. Mais croit aussi que ses caricatures, dont il avait offert un exemplaire à Elon Musk lors de sa visite chez Twitter, ont joué. « Tout employé qui s’exprimera contre notre politique de liberté d’expression absolue sera viré », ironisait l’un de ses dessins.
Méthodes brutales
Chez Twitter, les licenciements sont vus par beaucoup comme le symbole de la méthode expéditive, voire brutale, d’Elon Musk. Une plainte collective a été déposée devant un tribunal fédéral de San Francisco par des salariés – dont Manu Cornet – pour non-respect des durées de préavis. Par ailleurs, la direction a, vendredi, « fermé temporairement » les bureaux et suspendu tous les badges d’accès pour des raisons de « sécurité ». Autre exercice jugé humiliant, des informaticiens se sont vu demander d’imprimer toutes les lignes de code qu’ils avaient écrites lors des trente derniers jours, alimentant l’idée de licenciements décidés avec une méthode purement quantitative.
Il vous reste 52.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.