Mercredi 19 octobre, ça chauffait sur le stand de la galerie Magnin-A à Paris +, la nouvelle foire siglée Art Basel, qui a remplacé la FIAC au Grand Palais éphémère. En à peine quelques heures, toutes les œuvres du jeune artiste congolais Hilary Balu se sont vendues comme des petits pains.
La fièvre acheteuse se vérifiait chez tous les exposants spécialisés dans le continent africain. « On a dû refaire notre accrochage », confiait Cécile Fakhoury, galeriste d’Abidjan et de Dakar, après s’être défaite de sept œuvres du franco-béninois Roméo Mivekannin. Mariane Ibrahim, qui représente notamment la star ghanéenne Amoako Boafo, arborait aussi un large sourire : elle a dû regarnir son stand après avoir vendu pas moins d’une vingtaine d’œuvres. Au-delà, les artistes africains exposés çà et là ont fait des étincelles. Ainsi du Zimbabwéen Moffat Takadiwa, chez Sémiose, ou de son compatriote Troy Makaza, chez Poggi.
A une demi-heure de là, au Carreau du Temple, en plein cœur du Marais, AKAA, la foire consacrée à l’Afrique et à sa diaspora, espère bien profiter par ricochet de cet emballement. Plusieurs musées étrangers, tels que la Tate Modern de Londres et le Smithsonian de Washington, ont déjà annoncé leur venue. « On a misé sur Paris à un moment où il fallait convaincre tout le monde que c’était le bon choix. Art Basel confirme notre intuition », se félicite sa fondatrice, Victoria Mann, même si AKAA s’est fait souffler par Paris + l’un de ses piliers, André Magnin.
« Il y a de la place pour tout le monde, veut croire Armelle Dakouo, directrice artistique d’AKAA. On se positionne sur les jeunes talents et l’émergence, des artistes qui sont vendus à des prix moindres que sur Paris + mais qui, peut-être, y seront un jour eux aussi accrochés. » Reste à espérer pour AKAA que les collectionneurs américains qui ont fait pulser Paris + avec leur dollar fort pousseront la curiosité jusqu’au Carreau du Temple.
Nos coups de cœur sur Paris +
Hilary Balu, galerie Magnin-A
Où va-t-il, ce jeune homme chevauchant un tapir, le regard pensif derrière son casque froissé de cosmonaute sur lequel est inscrit « See the world » ? A quoi songe cette fillette à la coiffure travaillée qui nous scrute en tenant une théière ouvragée dont pourrait sortir un génie du passé ? Et que pense-t-elle, cette femme aux yeux graves qui nous fixe étrangement ? Quels sont leurs rêves, quel est leur destin ? C’est une jeunesse en quête d’ailleurs que dépeint Hilary Balu dans ses tableaux luxuriants, truffés de signes et de symboles, à la manière des tableaux anciens. Né en 1992 à Kinshasa, l’artiste a vu beaucoup d’Africains migrer au Brésil avant de gagner les Etats-Unis dans l’espoir d’une vie meilleure. Un périple qui, pour Hilary Balu, en rappelle un autre : celui des esclaves noirs envoyés dans les plantations en Amérique.
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