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Les banques, maillons faibles des pays émergents

Les banques, maillons faibles des pays émergents


En Tunisie, on manque de tout, y compris de prêts bancaires. Alors que le pays frôle le défaut de paiement et s’enfonce dans la crise, avec une pénurie de médicaments et de certaines denrées alimentaires, les vannes du crédit se referment. « Les ressources bancaires sont orientées vers les besoins de l’Etat en attendant un accord du Fonds monétaire international [FMI], témoigne Tarak Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). Et, avec des taux d’intérêt qui atteignent parfois les 13 %, les prêts sont devenus inabordables, surtout pour les PME. »

Dans son rapport annuel, publié en août, la Banque centrale de Tunisie reconnaît un « net ralentissement du financement de l’économie par le secteur bancaire ». Pendant la pandémie de Covid-19, les établissements des pays émergents ont aidé les gouvernements à affronter la crise économique et sanitaire. Elles « ont fourni la majeure partie du crédit, faisant passer la part de la dette publique dans leurs actifs au niveau record de 17 % en 2021 », observe le FMI dans une note publiée en avril. Une part qui atteint même les 40 % dans certaines économies, comme en Egypte ou au Pakistan.

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Cette exposition les fragilise désormais en raison des nombreux défauts de paiement qui se profilent à l’horizon. Le FMI estime que les deux tiers des pays à bas revenu et le quart des pays émergents sont confrontés à des difficultés sévères, liées à leurs dettes. « Sans aller jusqu’au défaut, il suffit que le risque souverain augmente pour que la valeur de la dette publique baisse et que le bilan des banques se dégrade, ce qui veut dire qu’elles peuvent moins prêter et que l’économie risque de ralentir », souligne Laurent Weill, professeur d’économie à l’université de Strasbourg. Les dettes publiques ont longtemps représenté un bon placement.

« Moyen artificiel d’améliorer la situation

« La dette souveraine, c’est, en général, la meilleure qualité de crédit local, donc c’est l’un des meilleurs risques qu’une banque peut prendre sur son bilan », explique Mohamed Damak, analyste à l’agence de notation S&P Global Ratings. Dans les régimes autoritaires comme l’Inde ou la Turquie, il leur est aussi vivement conseillé de prêter à l’Etat.

« Une banque centrale peut suspendre une licence bancaire, or, dans les régimes autoritaires, elle obéit souvent au gouvernement », rappelle M. Weill. L’universitaire a coécrit une étude, publiée en 2020, montrant que, avant chaque élection russe, les prêts augmentaient « comme un moyen artificiel d’améliorer la situation économique à la veille d’un scrutin ».

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