Hugo Jasinski est un jeune étudiant de 22 ans en deuxième année à l’Ecole des mines de Saint-Etienne. Depuis son adolescence, il est passionné de code et a grandi dans un environnement familial où les deux parents sont ingénieurs en informatique. Inspiré par son père, qui travaille dans la cybersécurité, Hugo veut suivre le même chemin et travailler dans ce domaine qu’il considère maintenant comme essentiel. Selon lui, « ces dernières années, le numérique s’est totalement installé dans nos vies, tant personnelle que professionnelle » et la protection des données devient un enjeu majeur pour tous. Il insiste qu’ « sans la cybersécurité, il est impossible pour les entreprises de poursuivre leurs activités ».
Les chiffres de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) confirment l’ampleur de ce fléau en France. En 2022, 831 intrusions ont été constatées, touchant des hôpitaux, des collectivités, des grandes et petites entreprises. Même l’Assemblée nationale a été visée par le groupe de hackeurs prorusses NoName057. Cette attaque était liée au soutien de la France à l’Ukraine. Face à cette menace, le gouvernement français a annoncé en février un programme d’investissement d’un milliard d’euros pour structurer la filière et créer 37 000 emplois d’ici à 2025. Cependant, les entreprises ont du mal à recruter. Selon une étude du cabinet de conseil Wavestone de mars 2022, plus de 15 000 postes seraient non pourvus dans l’Hexagone. À l’échelle mondiale, la pénurie s’élèverait à 3,5 millions de personnes. Tous les métiers de la cybersécurité sont concernés, des ingénieurs aux consultants, en passant par les architectes en cybersécurité.
Les établissements d’enseignement supérieur en France se sont donc mobilisés pour former les professionnels dont les entreprises ont besoin. L’université de Picardie-Jules-Verne a lancé une filière cybersécurité en trois ans, dont deux en alternance, accessible après un bac + 2 par voie de concours pour la première promotion diplômée en 2026. De même, Télécom SudParis souhaite diplômer 10 000 nouveaux professionnels à bac + 5 ou à un niveau équivalent d’ici à 2030 avec son projet Train-Cyber-Expert. Pour atteindre cet objectif ambitieux, cette grande école publique d’ingénieurs travaille en collaboration avec ses homologues de l’Institut Mines-Télécom, notamment Télécom Paris, l’École des mines de Saint-Étienne, IMT Atlantique, IMT Business School et IMT Mines Alès. D’autres acteurs académiques de premier plan, comme CentraleSupélec, Eurecom, l’université Paris-Saclay et l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, dispensent également deux masters spécialisés reconnus : le master « algèbre appliquée et cryptographie » et le master « secrets », plutôt orienté sur l’informatique. Toutes ces initiatives témoignent de la nécessité de former de nouveaux professionnels pour répondre aux besoins grandissants des entreprises en matière de cybersécurité.
En conclusion, le manque de professionnels de la cybersécurité est un problème mondial et la France n’est pas épargnée. C’est pourquoi le gouvernement a mis en place un programme d’investissement pour créer de nouveaux emplois et la filière de la cybersécurité en France. Les universités, les grandes écoles et les autres acteurs académiques de premier plan s’impliquent pour répondre aux besoins de la cybersécurité et former les nouveaux professionnels nécessaires pour lutter contre les intrusions malveillantes. Dans l’ensemble, la cybersécurité est devenue un enjeu majeur pour les entreprises, la société et les citoyens du monde entier.