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l’élimination des Bleues en demi-finales n’efface pas un parcours prometteur

l’élimination des Bleues en demi-finales n’efface pas un parcours prometteur


Wendie Renard (à gauche) et la défenseuse Griedge Mbock Bathy, à la fin du match de demi-finales de l’Euro de football 2022 les opposant à l’Allemagne, au Stadium MK, à Milton Keynes (Angleterre), le 27 juillet 2022.

Les défaites sont toujours vécues comme des échecs. Celle de l’équipe de France féminine battue aux portes de la finale de l’Euro de football par les Allemandes (2-1), en est un aux yeux de la sélectionneuse, Corinne Diacre : « On ne peut pas dire que ça soit un Euro réussi. La victoire finale était notre ambition, on ne peut pas se satisfaire de perdre. »

Mais certaines défaites peuvent servir pour l’avenir. C’est le cas pour des Bleues, qui quittent l’Angleterre en ayant enfin joué un « dernier carré » de la compétition continentale, ce qui ne leur était jamais arrivé. « Tout n’est pas à jeter. On a construit des choses, il y a un socle solide. Il nous faut encore un peu de temps », a d’ailleurs fait valoir Corinne Diacre.

Ce plafond de verre enfin brisé a un goût de « reviens-y » pour les joueuses et la sélectionneuse. Le maintien de cette dernière jusqu’au Mondial 2023 ne fait désormais plus trop de doute, elle à qui la Fédération française de football avait demandé d’atteindre les demi-finales dans cet Euro.

Certains des choix de la Nordiste, intronisée en 2017, ont fait débat après un Mondial 2019 en demi-teinte à domicile. Son management a également été critiqué. Finalement, elle peut se targuer d’avoir su mener les Tricolores jusque dans cette prometteuse campagne européenne et d’avoir contribué à rapprocher les Françaises du sommet international. Retour sur le mandat de Corinne Diacre à la tête des Bleues en quatre moments clés.

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L’échec du Mondial 2019

Corinne Diacre a su se servir de la défaite en quarts de finale du Mondial 2019 face aux Etats-Unis (1-2). La déception vécue trois années plus tôt au Parc des Princes de Paris a servi de base encourageante, d’autant plus que les Américaines avaient été sacrées quelques jours plus tard.

« On avait été déçues sur le coup. Mais, avec du recul, on a perdu d’un but contre les championnes du monde, qui étaient injouables. Et nous n’avons pas été ridicules, ni archidominées. Nous avons même fait jeu égal par moments », se souvient Aline Riera, ex-internationale, proche de Corinne Diacre.

« Ce n’était pas une petite équipe en face, même si elles avaient les moyens de pouvoir les battre », abonde Sandrine Roux. L’ancienne gardienne de but, qui a joué avec Corinne Diacre l’Euro 1997, le premier de l’histoire des Bleues, estime que cette défaite a permis à la technicienne de commencer une introspection. « Après les échecs viennent les constats et Corinne a eu cette aptitude à constater les dysfonctionnements, d’abord sur elle-même, puis sur les joueuses. Elle sait très bien se remettre en question et c’est ce qu’elle a fait. »

La mise à l’écart de joueuses cadres

Corinne Diacre l’a prouvé durant cet Euro : aucune joueuse – aussi indiscutable soit-elle – n’a le totem d’immunité et n’est sûre de démarrer la partie. Elle érige la notion d’« équilibre » comme fondamentale pour toute réussite sportive. « On ne prend pas toujours les meilleures pour pouvoir trouver un équilibre au niveau de l’équipe », expliquait-elle en avril.

Elle n’a pas hésité à se séparer d’Amandine Henry, milieu de terrain et capitaine au Mondial 2019, ou d’Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse tricolore en activité, deux joueuses évoluant à Lyon, le club le plus titré d’Europe. La première avait exprimé le mal-être du groupe lors du Mondial 2019 dans une interview accordée à Canal+ en novembre 2020, date de sa dernière sélection, évoquant « des filles qui pleuraient dans leur chambre ».

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C’est peu dire que la technicienne n’avait pas goûté ces déclarations. « Avant d’en parler aux médias, ça aurait été bien d’en parler à la personne concernée. C’est bon, par moments, de laver son linge sale en famille », avait-elle relevé en octobre 2021. « [Amandine Henry] a payé ses sorties dans la presse, et dans son livre. C’est un non-événement car on a trouvé des remplaçantes, et elles ont plutôt bien fait le travail », dit aujourd’hui Aline Riera.

« Si elle estimait que leur présence était importante, elle les aurait prises. Elle ne fait pas de sentimentalisme, mais bâtit une équipe pour réussir », rappelle Marilyn Fort, dirigeante historique de Soyaux, l’unique club de Corinne Diacre.

Le soutien de Noël Le Graët

L’ancienne défenseuse et capitaine de l’équipe de France est arrivée sur le banc des Bleues avec un gros capital confiance. « On lui a déroulé le tapis rouge. Tout le monde à la fédération était ravi de sa nomination et estimait que c’était la bonne personne », rappelle un ex-intime du groupe.

Mais le quart de finale perdu au Mondial 2019 face aux Américaines était en deçà des objectifs fixés par la sélectionneuse elle-même, qui s’était avancée sur une ambitieuse finale. « Le cap fédéral était les demies. Mais la [Fédération française de football] était tellement heureuse du succès du Mondial, et de l’émulation suscitée qu’elle est passée entre les gouttes », déclare cette même ancienne source proche du groupe tricolore.

Le soutien de Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), ne s’est jamais démenti. « J’ai une confiance absolue en elle. Pour moi, il n’y a aucun doute, c’est la femme de la situation pour continuer à faire progresser l’équipe nationale », disait-il en juin 2019 dans un entretien au Parisien, après l’élimination au Mondial.

Il était réintervenu en soutien, en décembre 2020, en plein cœur de la « crise » suscitée par Amandine Henry : « Que Corinne soit fâchée avec Pierrette, Paulette… L’important, c’est qu’elle gagne », avait-il déclaré.

Avant le début de l’Euro, le président de la FFF avait d’ores et déjà assuré que le contrat de la sélectionneuse « sera sûrement reconduit jusqu’à la Coupe du monde au moins », en juillet 2023. « Quand on a la confiance de son boss, on est beaucoup plus serein pour “performer”. Demandez à [Didier] Deschamps [le sélectionneur des Bleus], c’est primordial », relève Sandrine Roux.

Prime à la jeunesse

Le mandat de Corinne Diacre a aussi été marqué par l’apport de sang neuf. Si la moyenne d’âge lors de cet Euro était la même que lors du Mondial 2019 (environ 26 ans), huit joueuses de champ (qui n’évoluent pas au poste de gardienne) ont disputé en Angleterre leur première phase finale. Et certaines ont su tirer leur épingle du jeu.

« J’ai beaucoup aimé Clara Matéo avec sa vitesse, sa technique et sa vision du jeu. Elle est toujours très juste et très forte dans la dernière passe », développe l’ancienne milieu Louisa Necib au sujet de la no 10.

Elue meilleure joueuse contre les Pays-Bas en quarts et autrice d’une entrée remarquée contre l’Allemagne, Selma Bacha fait aussi partie des révélations. Tout comme l’attaquante Melvine Malard. « Ces jeunes Lyonnaises ont une expérience internationale avec la Ligue des champions. Elles sont arrivées avec une certaine maturité dans l’enjeu, la pression », relève l’internationale Gaëtane Thiney.

« Il y avait besoin de sang neuf. Il ne fallait pas attendre le dernier moment pour renouveler l’effectif, avance Sandrine Roux, entraîneuse des gardiens des moins de 23 ans. Nous avons encore des jeunes joueuses de qualité qui vont faire le Mondial des moins de 20 ans en août et qui pourront intégrer les A dans un ou deux ans. »

De bon augure avant le Mondial 2023. « On va grandir et essayer de se relever vite. On a atteint la demi-finale ; la prochaine fois, ce sera la finale », prévient déjà la défenseuse Selma Bacha.

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