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Le taux du Livret A inquiète les banques et nourrit la concurrence sur les dépôts

Le taux du Livret A inquiète les banques et nourrit la concurrence sur les dépôts



Le Livret A connaît un succès grandissant, mais cette popularité ne pose-t-elle pas un problème ? Ce produit d’épargne est le plus courant en France, avec 55,7 millions de comptes à la Banque de France à la fin de l’année 2021, et a attiré 19,7 milliards d’euros depuis le début de l’année. À ce rythme, il est susceptible de dépasser rapidement le record de 28,16 milliards euros atteint en 2012, année où le plafond a été relevé de 25 %. Le Livret A représente plus de 395 milliards d’euros d’épargne additionnelle, soit 100 milliards de plus qu’en 2019.

Ce succès est certes dû en partie à la remontée rapide de son taux de rémunération, qui a grimpé de 0,5 % en début d’année 2022 à 3 % en février, atteignant son plus haut niveau depuis 2009. Cependant, il ne suffit pas à compenser l’inflation actuelle.

De plus, cette hausse n’est peut-être pas terminée, la formule légale de calcul qui lie le taux du Livret A à l’inflation en France, qui se situe actuellement autour de 6 %, et au taux à court terme de référence de la zone euro, pouvant aboutir en juillet à une proposition du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, pour un relèvement à 4 %, voire 4,3 % ou 4,5 %, selon certains économistes.

Cette formule permet en effet à la Banque de France de déroger à l’application stricte de la formule en cas de « circonstances exceptionnelles ». Les banques cherchent donc à obtenir une hausse de taux modérée dans la marge de manœuvre qui en résulte.

Toutefois, la rémunération du Livret A commence à coûter cher à certaines banques, telles que BPCE, la maison mère des Caisses d’Epargne, l’un des plus grands distributeurs d’épargne réglementée de France. Au cours des trois premiers mois de l’année, le groupe a évalué à 282 millions d’euros l’impact sur son bénéfice net, en baisse de 29 % sur un an. Nicolas Namias, président du directoire du groupe, a expliqué lors de la présentation des résultats le 3 mai que, en raison de la remontée du taux du Livret A, « le coût du financement de l’économie va augmenter ».

C’est un message à peine voilé adressé à la Banque de France et à Bercy, qui se contentent de dire que la décision finale reviendra à M. Villeroy de Galhau.

Ce dernier a rappelé, le vendredi 5 mai, sur Radio Classique, « l’importance de respecter les règles du jeu », tout en admettant que sa recommandation de juillet devrait « prendre en compte l’intérêt des épargnants et des emprunteurs », suggérant que la banque centrale surveille également l’impact sur le marché du crédit immobilier. Deux jours plus tôt, Bruno Le Maire avait affirmé qu’il suivrait la recommandation du gouverneur, mais avait également déclaré que sa « première responsabilité était de protéger l’épargne des Français ».

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