A Roubaix (Nord), la colère monte. Une centaine de salariés de Camaïeu se sont rassemblés, mardi 4 octobre, à l’appel de la CGT, devant le siège de l’enseigne liquidée le 28 septembre. Deux ans après sa reprise par la Financière immobilière bordelaise (FIB), société de l’homme d’affaires bordelais, Michel Ohayon, l’ensemble des 511 magasins Camaïeu ont fermé leurs portes samedi 1er octobre. « Ce qu’on nous avait promis à la reprise en 2020, ce n’était que des beaux discours », enrage Thierry Siwik, délégué syndical CGT.
Le syndicat entend engager une procédure en responsabilité civile à l’encontre de M. Ohayon et de la direction de l’entreprise. Avec l’appui de l’avocat Fiodor Rilov, la CGT va d’abord tenter d’obtenir tous les documents comptables « de Camaïeu, comme des autres entités du groupe FIB », explique Me Rilov. Ce dernier admet qu’une procédure en responsabilité « ne permettra pas de retrouver votre emploi mais il faut aller en justice pour obtenir de vraies indemnités », a-t-il dit aux salariés. En fin de journée, une cinquantaine d’entre eux lui ont donné mandat, précise Me Rilov.
Mobiliser les 2 126 salariés concernés par la liquidation, après le départ des employés en CDD, ne sera pas facile. La plupart ne résident pas dans le Nord. La CGT de Roubaix le sait. « Camaïeu, c’est chez vous ! Il faut squatter ! Il faut de la colère et pas des larmes ! », s’est emporté l’un de ses représentants, en haranguant les manifestants, peu avant qu’une cinquantaine d’entre eux n’arrache les grilles de l’établissement et l’occupe un temps.
De « zéro dette » au redressement judiciaire
L’opération de la CGT tient du coup de poing, à la veille de l’ouverture des négociations du plan social. Elle pourrait cependant gagner en ampleur. Car, partout en France, les salariés Camaïeu ne comprennent pas comment l’entreprise reprise par la FIB en août 2020 « avec zéro dette » s’est retrouvée en redressement judiciaire à l’été 2022 et liquidée le 27 septembre faute de trésorerie, entraînant le licenciement de 2 600 personnes.
Les explications avancées par Wilhelm Hubner, président d’Hermione People & Brands (HPB), division distribution de la FIB, ne « tiennent pas », avance un employé. Cet ancien patron d’Auchan en France a toujours évoqué le Covid-19, la crise et une cyberattaque qui lui aurait coûté 40 millions d’euros. Beaucoup estiment que « ça n’explique pas les 250 millions d’euros de dettes contractées en deux ans » et surtout les pertes de 146 millions d’euros à fin juin 2022. D’autant que l’enseigne aux 228 millions d’euros de chiffre d’affaires ne payait ni ses loyers ni ses marchandises.
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