C’est un duel consubstantiel à l’identité automobile française qui, depuis cinquante ans, a fait de la citadine polyvalente son domaine de prédilection. Un « mano à mano » entre Renault et Peugeot, inauguré dans les années 1970 par la R5 et la 104, que prolongent aujourd’hui leurs héritières Clio V et 208.
Article réservé à nos abonnés
Renault face à Peugeot et Citroën, une rivalité au long cours au sein de l’industrie automobile
Alors que la Peugeot s’était fermement installée en tête du hit-parade français depuis 2019, mettant un terme à la longue domination de sa rivale, le match a été totalement relancé. En 2023, la Clio V fabriquée à Bursa (Turquie) et Novo Mesto (Slovénie), a vu ses ventes (97 479 immatriculations) bondir de 52 %, laissant sur place la championne sortante qui n’a totalisé que 86 268 unités. La 208, produite à Kénitra au Maroc et à Trnava en Slovaquie, a également perdu son titre de modèle le plus vendu en Europe au profit de la Tesla Model Y, chutant à la 5e place, alors que la Clio V remontait de la 10e à la 6e position.
Ce brusque réveil du losange n’est pas étranger au restylage assez énergique effectué par Gilles Vidal. Le nouveau designer en chef, débauché de chez Peugeot, a redonné du tonus à un modèle qui s’était endormi sur ses lauriers et dont le style manquait de mordant. Ce regain doit plus encore à la présence de la technologie hybride sous le capot de la Clio E-Tech (145 chevaux), qui a représenté 25 % des ventes. Capable de maintenir son niveau de consommation juste au-dessus des 4 litres aux 100 kilomètres, cette version, qui associe un quatre-cylindres atmosphérique de 1,6 litre et un moteur électrique de 36 kilowatts (kW), est bien adaptée aux trajets urbains.
Effort sur les prix
Chez Renault, la recette du succès est aussi passée par un effort sur les prix – la Clio est facturée à partir de 19 500 euros –, assez sensiblement inférieurs à ceux de la Peugeot. Il faut aussi prendre en compte que, ces deux dernières années, le losange a préféré mettre l’accent sur ses modèles de gabarit supérieur, Austral et Arkana (en clair, leur réserver les composants disponibles), dans le cadre d’une stratégie de reconquête d’un segment plus profitable que celui de la Clio.
Article réservé à nos abonnés
Industrie automobile : quand Peugeot et Renault formaient une alliance
Proposée y compris en GPL et en diesel – motorisation que vient d’abandonner la Peugeot –, la petite Renault est redevenue la référence des berlines urbaines. Ses clients français sont âgés de 58 ans en moyenne, et ce sont plutôt des hommes (51 %), alors que ceux de la 208 sont plus jeunes, un peu plus aisés financièrement et sont plus souvent des femmes (53 %).
Chez Peugeot, on est piqué au vif par la déconvenue de la 208, d’autant qu’en 2023 ce sont l’ensemble des ventes de la marque au lion qui ont souffert. Même la e-208, qui jusqu’alors tirait fort bien son épingle du jeu, est reléguée au 5e rang des ventes de voitures électriques. Comme le reste de la gamme Peugeot, la 208 a surévalué sa capacité à pratiquer des prix plus élevés que la concurrence. Le fameux « pricing power » cher à Carlos Tavares, le patron du groupe Stellantis, auquel appartient la marque, s’est émoussé.
Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.