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Mahamat Saïd Abdel Kani, commandant présumé de la coalition rebelle à dominante musulmane Séléka, fait face à sept chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir ordonné à ses subordonnés de maltraiter les détenus soupçonnés de soutenir l’ancien président centrafricain Bozizé, lors de la guerre civile sanglante, qui a suivi le coup d’État de 2013.
Le procès d’un commandant présumé de la coalition rebelle à dominante musulmane Séléka, notamment accusé d’avoir torturé des personnes détenues lors de troubles civils en 2013 en République centrafricaine, s’est ouvert lundi 26 septembre devant la Cour pénale internationale (CPI).
Mahamat Saïd Abdel Kani fait face à sept chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité, commis entre avril et août 2013 à Bangui, contre des détenus accusés de soutenir l’ancien président François Bozizé.
Mahamat Saïd Abdel Kani a été remis en janvier 2021 par les autorités de Bangui à la CPI sur la base d’un mandat d’arrêt délivré en 2019. À l’ouverture du procès, Mahamat Saïd Abdel Kani a plaidé non-coupable des chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
La cour, basée à La Haye, avait partiellement confirmé fin 2021 les charges portées contre Mahamat Saïd Abdel Kani, notamment les chefs de torture, de persécution, de traitement cruel et d’atteinte à la dignité des personnes.
L’un des pays les plus pauvres du monde, la République centrafricaine a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d’État en 2013, qui avait renversé le président François Bozizé et plongé le pays dans la guerre civile.
Les combats ont opposé une coalition de groupes armés qui ont renversé Bozizé, la Séléka majoritairement musulmane, et des milices le soutenant, majoritairement chrétiennes et animistes anti-Balaka.
Les violences auraient fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon la CPI.
Mahamat Saïd Abdel Kani, 52 ans, selon les procureurs, était un haut commandant de la Séléka responsable d’un poste de police où des partisans présumés de Bozizé ont été battus et torturés après leur arrestation.
Une méthode de torture dite « arbatachar »
Parfois appelé « colonel », « chef » ou « directeur », l’accusé supervisait les opérations quotidiennes de l’enceinte qui appartenait à une unité de police appelée « Office central de répression du banditisme (OCRB) », selon des documents de la cour.
Il est accusé d’avoir ordonné à ses subordonnés de maltraiter les détenus accusés de soutenir Bozizé ou les anti-Balaka, notamment en les soumettant à la méthode de torture dite « arbatachar » pour leur extorquer des aveux.
La technique consistait à lier de façon très serrée les mains, les coudes et les jambes du détenu derrière son dos, les jambes touchant les coudes.
Certains détenus auraient à la suite de ces tortures eu « les bras et les jambes paralysés, décolorés ou putréfiés », selon les documents.
Des prisonniers auraient été jetés dans une petite cellule souterraine, accessible uniquement par un trou dans le sol du bureau de Mahamat Saïd Abdel Kani au siège de l’OCRB dans la capitale, ont affirmé les procureurs de la CPI.
Deux anciens chefs de guerre centrafricains, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom, qui dirigeaient des milices anti-balaka, sont actuellement jugés par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Le pays de quelque cinq millions d’habitants – qui, selon l’ONU, est le deuxième pays le moins développé du monde – reste en proie à la violence et aux violations des droits de l’Homme.
Avec AFP