Richard Sharp, le président du conseil de surveillance de la BBC, a été contraint de démissionner de son poste en raison d’un scandale financier impliquant l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson. Le rapport dénonçant sa participation en tant qu’entremetteur dans un prêt accordé à Johnson a été publié vendredi dernier, poussant le commissaire chargé de superviser les nominations publiques, Adam Heppinstall, à ouvrir une enquête.
En décembre 2020, Johnson avait besoin d’argent à titre personnel. Sharp, qui est un proche de Johnson, suggère au secrétaire général de Downing Street de lui présenter l’un de ses amis qui pourrait éventuellement lui faciliter le prêt. Le premier ministre finira par emprunter par ce biais 800 000 livres sterling (910 000 euros). Dans le même temps, Sharp pose sa candidature pour être le président du conseil de surveillance de la BBC, mais omet de déclarer son rôle dans cette affaire. En février 2021, il obtient le poste.
Le rapport publié vendredi dernier par Adam Heppinstall a révélé la « perception d’un potentiel conflit d’intérêts » de la part de Sharp, à cause de son lien étroit avec l’ancien Premier ministre. Faute d’avoir révélé son rôle entre les deux parties, Sharp a « enfreint le code de conduite des nominations ». Les conclusions du rapport ne sont pas extrêmement critiques, mais Sharp a quand même été forcé de démissionner en raison du climat de défiance qui s’est créé contre lui au sein de la Corporation de la BBC.
Officiellement, le président du conseil de surveillance n’est pas en charge des questions éditoriales, qui reviennent au directeur général. Mais Sharp était considéré comme l’un des émissaires de Johnson et du gouvernement, qui voulaient remettre au pas une BBC considérée comme trop anti-Brexit et trop à gauche. Sous la présidence de Sharp, le directeur général, Tim Davie, a d’ailleurs largement insisté sur la neutralité absolue exigée à ses journalistes, au risque de museler les critiques.
Depuis 2010 et l’arrivée au pouvoir des conservateurs, la BBC a subi de nombreuses coupes budgétaires, son budget a baissé, en valeur réelle, de 25 %. Un plan de licenciements est en cours actuellement. Les conséquences de la démission forcée de Sharp ne sont pas encore claires, mais on peut s’attendre à d’importantes réactions de la part des partis politiques et des médias.