Le Medef prépare discrètement la relève. Alors que son président, Geoffroy Roux de Bézieux, doit passer la main début juillet 2023, l’organisation d’employeurs commence à jalonner le déroulement de la succession. Ses instances ont récemment débattu d’une « charte des candidats » qui dicte les règles à observer durant « la campagne électorale ». Cette première étape contribue, fort logiquement, à nourrir les spéculations sur le nom des personnalités susceptibles de convoiter le fauteuil de « patron des patrons ».
La « charte » en question a été examinée, le 14 novembre, lors d’une réunion du conseil exécutif – l’un des principaux organes de direction du mouvement. Le texte poursuit plusieurs objectifs : « assurer l’équité » entre les prétendant(e)s, « préserver une éthique » pendant la compétition, « garantir la probité et l’intégrité tant des candidatures que des comportements tout au long du processus ». Les participants à la course doivent, par exemple, s’abstenir « de solliciter les équipes de permanents » du Medef, mais ils peuvent, en revanche, utiliser librement les « moyens » qui seraient mis à leur disposition par la fédération professionnelle ou la structure dont ils sont membres.
Des « principes d’indépendance » et « de transparence » sont également édictés en matière de financement : ceux qui sont sur la ligne de départ ne peuvent pas recevoir de subsides de la part d’« un Etat ou [d’]une organisation étrangère ». Il est par ailleurs prévu de rembourser les « frais de campagne, dans la limite de 20 000 euros », et sous certaines conditions (avoir recueilli au moins 5 % des suffrages exprimés, le jour du scrutin, etc.).
Période de réserve
La charte doit encore faire l’objet de menues retouches avant d’être avalisée, dans sa version définitive, par le conseil exécutif, qui se réunira le 12 décembre. Elle est assortie d’une annexe, qui rappelle que la durée de la campagne ne peut pas « excéder quatre mois » et que les déclarations de candidatures doivent intervenir dans ce laps de temps – mais pas avant. Autrement dit, ceux qui veulent remplacer M. Roux de Bézieux sont tenus de rester muets sur leurs intentions jusqu’à début mars, l’élection ayant lieu dans la première semaine de juillet. S’ils sortent du silence trop tôt, ils sont disqualifiés, ce qui leur interdit d’annoncer la couleur – notamment à la presse – durant cette période de réserve.
Une telle obligation vise à éviter une interminable séquence de mise en concurrence, propice aux affrontements, ce qui serait malvenu dans un contexte où l’économie française est confrontée au risque d’une récession et doit relever tous les défis liés au réchauffement climatique. Pour autant, des figures du Medef n’ont pas fait mystère, auprès de leurs pairs, de l’envie d’occuper le poste de chef suprême. En interne, tout le monde considère comme acquis que Patrick Martin, le président délégué du mouvement, se présentera. Il avait déjà postulé en 2018, avant de se placer derrière le panache de M. Roux de Bézieux.
Il vous reste 42.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.