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Le gouvernement surveille le risque d’écoutes depuis des toits de Paris après le rachat de 600 sites de télécommunications

Le gouvernement surveille le risque d’écoutes depuis des toits de Paris après le rachat de 600 sites de télécommunications


C’est une transaction à première vue anodine. Depuis mars, le fonds d’origine américaine Phoenix Tower International négocie l’acquisition de 1 226 sites de télécommunications en France au groupe espagnol d’infrastructures Cellnex. Pourtant, l’opération suscite la vigilance du contrôle des investissements étrangers et du Service de l’information stratégique et de la sécurité économiques, deux bureaux du ministère de l’économie chargés d’examiner les dossiers sensibles.

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Cette acquisition donnerait en effet à Phoenix Tower International la clé d’environ 600 toits-terrasses répartis dans Paris intra-muros, sur lesquels il serait possible d’installer des dispositifs d’écoute, comme des IMSI-catchers, de petits appareils qui permettent d’intercepter toutes les communications électroniques passées depuis un téléphone mobile (appels, SMS, trafic Internet…).

Plusieurs dizaines de sites sont stratégiques, car situés à proximité de ministères, d’administrations, d’ambassades ou de sièges sociaux de grandes entreprises

Selon le dirigeant d’un groupe industriel au fait du dossier et qui souhaite rester anonyme, ces 600 toits-terrasses permettraient de couvrir potentiellement 97 % de Paris. La majorité de ces sites ne présentent évidemment pas un grand intérêt. En revanche, plusieurs dizaines d’entre eux sont stratégiques, car situés à proximité de ministères, d’administrations, d’ambassades ou de sièges sociaux de grandes entreprises, notamment dans les 7e et 8e arrondissements de la capitale.

Interrogé par Le Monde, le ministère de l’économie, qui a la possibilité de s’opposer à des transactions pour des questions de sécurité nationale, assure que « la transaction de rachat par Phoenix Tower International de toits-terrasses dans Paris à la société Cellnex a fait l’objet d’un suivi attentif de l’Etat ». « Les services de l’Etat ont travaillé avec la société pour identifier les risques associés à l’usage de toits-terrasses en France, identifier les mesures à mettre en œuvre pour réduire ces risques et préserver les intérêts fondamentaux de la défense et de la sécurité nationale », poursuit Bercy, qui ne dévoile pas la nature des mesures envisagées ni où en est le dossier d’instruction.

Trompe-l’œil

Le ministère précise simplement vouloir « s’assurer que l’accès aux sites d’infrastructures passives [autrement dit, les toits-terrasses] soit conservé au même niveau de sécurité [élevé] afin de garantir l’intégrité des réseaux de communication électroniques ». De son côté, la direction de Phoenix Tower International en France n’a pas souhaité communiquer sur le sujet en raison « des règles de confidentialité attachées à ces procédures ».

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