Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a reconnu dimanche 27 novembre qu’il y avait eu « des abus (…) sur le recours à des cabinets de conseil extérieurs », et que les gouvernements successifs étaient allés « trop loin » dans cette « habitude ». « On a eu trop recours à des cabinets de conseil depuis des années, que ce soit ce gouvernement, les gouvernements précédents, des majorités précédentes (…). Je pense qu’il y a eu effectivement une dérive », a explicité le locataire de Bercy, dans l’émission « Dimanche en politique », diffusée sur France 3.
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« Cette dérive a été corrigée notamment par la circulaire de la première ministre », Elisabeth Borne, qui a demandé à toutes les administrations « de réduire de 15 % le recours aux cabinets de conseil », a assuré Bruno Le Maire, en précisant que son ministère avait « réduit de 34 % le recours aux cabinets de conseil » par rapport au premier semestre de 2021.
Trois enquêtes
Cette déclaration survient alors que le Parquet national financier a fait état, jeudi, de l’ouverture, les 20 et 21 octobre, de deux enquêtes portant sur les « conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 ».
Ces deux enquêtes, confiées à des juges d’instruction, s’ajoutent à une enquête préliminaire ouverte le 31 mars 2022 pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale » visant le cabinet de conseil McKinsey, après la publication du rapport d’une commission d’enquête du Sénat.
Outre le fait que le cabinet américain n’avait pas payé d’impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020, alors qu’il réalise en France un chiffre d’affaires annuel de plusieurs centaines de millions d’euros, les parlementaires avaient aussi révélé que les contrats conclus entre l’Etat et les entreprises de consultants en général avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021 pour atteindre le montant record de 1 milliard d’euros l’an dernier.
L’affaire McKinsey est révélatrice de liens étroits entre la majorité macroniste et les milieux d’affaires, a affirmé dimanche la députée de La France insoumise Clémentine Autain, interrogée par RTL, LCI et Le Figaro. « Entre les macronistes et les milieux d’affaires, c’est une grande histoire d’amour ; et les cocus, ce sont les Français », a assuré l’élue de Seine-Saint-Denis.
Selon elle, « ce qu’il s’est passé, c’est que depuis que M. Macron a été dans la commission Attali [chargée en 2007 de proposer des réformes favorables à la croissance, à l’initiative du président de l’époque, Nicolas Sarkozy], a noué des liens avec McKinsey, puis ensuite a fait ses campagnes, il a été élu, eh bien le budget dédié aux cabinets de conseil a doublé depuis 2018 pour atteindre 1 milliard d’euros ».