COLLOQUE D’ACTION FRANÇAISE AUTORISÉ PAR LA JUSTICE APRÈS SUSPENSION DE SON INTERDICTION
Le mouvement royaliste Action française a finalement pu tenir son colloque, prévu samedi 13 mai à Paris, après que la justice a suspendu son interdiction par la préfecture de police. Cette dernière avait pris un arrêté sur instruction du ministère de l’Intérieur visant plusieurs rassemblements d’organisations classées à l’extrême droite. Le colloque, intitulé « La France en danger », a rassemblé environ 350 personnes, dont quelques individus masqués et habillés en noir.
DEUX PERSONNES INTERPELLÉES EN MARGE DU RASSEMBLEMENT
Malgré le caractère légal du colloque, deux personnes ont été interpellées en marge du rassemblement pour « port de cagoule et gants coqués », selon la préfecture. L’organisation avait saisi la justice administrative d’un référé-liberté, une procédure d’urgence pour faire face à une « atteinte grave et manifestement illégale » à une liberté fondamentale de la part d’un service de l’État.
LA PRÉFECTURE DE POLICE A PUBLIÉ SIX ARRÊTÉS D’INTERDICTION
La préfecture de police avait interdit six rassemblements prévus ce week-end à Paris, dont cinq à l’appel de mouvements classés à l’extrême droite, pour des raisons de sécurité et risque de troubles à l’ordre public. Parmi eux : une marche de l’association de militaires « Place d’armes » et une manifestation de « gilets jaunes ». Les « gilets jaunes » se sont néanmoins rassemblés, malgré l’interdiction, et ont été verbalisés. Une autre manifestation de l’Action française prévue dimanche matin, en hommage à Jeanne d’Arc, a également été interdite.
GÉRALD DARMANIN VISE À INTERDIRE TOUT RASSEMBLEMENT « DE L’ULTRADROITE OU DE L’EXTRÊME DROITE »
La préfecture avait publié ces arrêtés vendredi après une circulaire du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin visant à interdire tout rassemblement « de l’ultradroite ou de l’extrême droite », après la polémique suscitée par la manifestation à Paris le 6 mai de militants d’ultradroite. L’objectif est de maintenir l’ordre et d’éviter tout risque de violence.
LA DÉCISION DE DARMANIN CONTESTÉE POUR SON MANQUE DE BASE JURIDIQUE
Cependant, la décision de Gérald Darmanin a entraîné une polémique, certains la jugeant juridiquement fragile. L’interdiction de rassemblement doit s’appuyer sur des éléments concrets et précis, tels que des preuves de risques réels de désordre ou de violence imminente, ainsi que la nécessité impérative de garantir la sécurité de tous les citoyens.
LES RÉACTIONS POLITIQUES SONT PARTAGÉES
Les réactions politiques sont partagées. Le député LREM de Paris, Pacôme Rupin, condamne l’extrême droite, mais considère que « le droit de manifester est un principe fondamental de notre démocratie ». A contrario, le chef du Rassemblement national, Jordan Bardella, speaking à BFMTV, estime que Gérald Darmanin « a en quelque sorte piétiné les droits constitutionnels des Français ».
POUR L’ACTION FRANÇAISE, « JEANNE D’ARC SERA HONORÉE QUOI QU’IL ARRIVE »
Pour sa part, L’Action française persiste et signe : « Jeanne d’Arc sera honorée quoi qu’il arrive », a déclaré Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action française interrogé lors du colloque. Selon lui, la manifestation n’a été interdite qu’à deux reprises : « la première fois par les Allemands pendant la guerre, la deuxième fois par Joxe » après la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990.
DES « RISQUES DE HEURTS » ET DES « TENSIONS »
Dans les arrêtés pris vendredi, le préfet de police Laurent Nuñez justifie l’interdiction notamment par le fait que les rassemblements s’inscrivent dans un « contexte particulièrement tendu » après « la polémique suscitée par la manifestation organisée par le Comité du 9-Mai » samedi dernier à Paris. Outre les risques de troubles à l’ordre public et les possibles contre-rassemblements de la gauche radicale, les militants d’extrême droite s’opposent souvent entre eux. Par exemple, certains se sont violemment battus lors de la précédente édition de l’hommage à Jeanne d’Arc.
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Références :
-https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/05/13/action-francaise-le-colloque-finalement-autorise-par-la-justice-apres-son-interdiction-par-la-prefecture_6128953_3224.html
-https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/05/12/manifestations-d-extreme-droite-la-prefecture-de-police-interdit-six-rassemblements-a-paris_6128775_823448.html